Le groupe d'étudiants de l'Université de Montréal placés en quarantaine en Chine ont été les derniers à être informés que la mesure qui les empêchait de voyager avait été levée.

Le groupe, composé de 27 étudiants et d'un professeur, avait été placé en «observation» samedi dans un hôtel de Changchun, dans le nord-est de la Chine.

Selon le directeur du Centre d'études de l'Asie de l'Est de l'Université de Montréal, David Ownby, les journaux ont rapporté la nouvelle de la levée de la quarantaine bien avant qu'elle ne soit communiquée aux étudiants.

M. Ownby a affirmé que l'information avait d'abord été transmise à l'ambassade du Canada à Beijing par les autorités provinciales. Puis c'est l'université partenaire de l'UdeM à Changchun qui a appris la nouvelle, ensuite retransmise au professeur qui accompagnait les étudiants à l'hôtel Jingyue.

Lorsque David Ownby a parlé au professeur mercredi matin, il n'avait pas été informé que les 27 étudiants étaient «libérés». Ce n'est que vers 8 h (heure locale) qu'il a reçu la confirmation.

L'UdeM avait d'abord affirmé que 29 étudiants avaient été placés en quarantaine en Chine. L'institution montréalaise a par la suite corrigé cette information, affirmant que deux d'entre eux n'avaient pas encore rejoint leurs collègues.

Les étudiants devraient quitter l'hôtel vers 8h30 jeudi, pour se diriger vers l'Université normale du nord-est de Chine (UNN) à Changchun, où ils suivront des cours de langue jusqu'à la mi-juillet.

M. Ownby a indiqué que la décision de mettre fin à la quarantaine a été prise après que les autorités provinciales de la santé eurent envoyé des médecins à l'hôtel pour vérifier l'état de santé des étudiants. Auparavant, les Canadiens s'assuraient eux-mêmes de prendre leur température et de noter les résultats.

Les autorités de la santé ont décidé d'inclure dans la période de quarantaine le temps que les étudiants avaient déjà passé en Chine.

«Ils ont décidé que la période visée commençait au moment de leur départ du Canada», a affirmé M. Ownby, qui croit que la pression exercée par le gouvernement canadien a joué un rôle dans la décision des autorités chinoises.

Cette décision a été prise après que l'ambassade du Canada à Beijing ait demandé, mardi, dans une note diplomatique, des explications sur cette quarantaine, alors qu'aucun des étudiants ne présentait de symptômes grippaux. «Nous ne sommes pas informés de risques médicaux qui auraient pu conduire à une telle décision», avait souligné André Lemay, un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères. Le Canada comptait mercredi midi 165 cas confirmés de grippe A (H1N1).

Ottawa a également fait part de ses préoccupations concernant l'assistance consulaire fournie aux étudiants, puisque des représentants canadiens n'avaient eu qu'un accès limité à l'hôtel où ils logeaient.

À Ottawa, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a confirmé mercredi qu'une note diplomatique avait été envoyée à Pékin pour demander des explications. Ce dernier sera en Chine vendredi, pour un voyage déjà prévu. «J'aurai l'opportunité de soulever la question directement aux autorités chinoises lorsque je les rencontrerai cette fin de semaine», a affirmé M. Cannon.

La Chine a laissé savoir qu'elle continuerait à surveiller étroitement les voyageurs en provenance des régions infectées par la grippe A (H1N1).

Lin Ji, directeur adjoint du département de santé de la province de Jilin, a déclaré que la décision de lever la quarantaine avait été prise sur la suggestion du ministère chinois des Affaires étrangères.

«Après avoir pris connaissance de l'état de santé des étudiants, le ministère des Affaires étrangères a proposé (mercredi) matin de les libérer plus tôt», a dit M. Lin.

Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait fait savoir qu'il demanderait aux gouvernements de revenir sur les mesures restrictives en matière commerciale et de circulation pour cause de grippe A (H1N1), à moins qu'elles n'aient des fondements scientifiques clairs.

Les étudiants placés en quarantaine auraient été bien traités. Lors de leur séjour à l'hôtel, ils ont pu poursuivre leurs études. Ils étaient nourris trois fois par jour et avaient accès à la cour de l'établissement.

D'autres touristes canadiens demeurent en quarantaine dans un hôtel de Hong Kong. Aucun d'entre eux n'a montré de symptômes de la grippe A (H1N1).