Trois résidants de l'arrondissement de Charlesbourg, à Québec, ont déposé hier une requête en recours collectif qui pourrait atteindre 30 millions contre le ministère des Transports (MTQ), en raison de l'intensité du bruit auquel ils sont exposés depuis des décennies en bordure de l'autoroute Laurentienne (A-73).

L'ancien directeur général des Nordiques de Québec, Maurice Filion, qui habite le quartier depuis 1974, est l'un des trois requérants qui représentent environ 1000 résidants du secteur délimité à l'ouest par l'A-73, au nord par le boulevard Jean-Talon, au sud par le boulevard de l'Atrium, et qui s'étend jusqu'à 300 mètres de l'autoroute, à l'est de l'emprise autoroutière.

 

En plus de demander à la Cour d'ordonner au MTQ «de prendre les mesures qui s'imposent pour que diminue la pollution sonore dans le quadrilatère visé», les trois requérants demandent aussi réparation pour les torts causés par le bruit de la circulation continue, en versant 10 000$ par personne, pour chacune des trois dernières années. La réclamation pourrait ainsi atteindre environ 30 millions. Hier après-midi, personne n'était disponible au MTQ pour commenter le dépôt de cette requête.

Maurice Filion a déclaré hier à La Presse que la requête arrivait après des années de pétitions, de rencontres, de promesses évasives et de projets avortés, qui ont laissé un goût amer aux résidants; ces derniers doivent, selon lui, s'encabaner tout l'été en raison du bruit.

«Je ne veux faire la guerre à personne, a dit M. Filion. Je voudrais juste profiter de ma maison en paix, comme tout citoyen qui paie ses taxes et respecte ses voisins. Mais le bruit est devenu intenable. À l'extérieur, on est obligés de se crier par la tête pour s'entendre parler. En été, fini les barbecues ou les réceptions sur la terrasse; on garde les fenêtres fermées tout le temps.»

«Si on est obligés d'en venir là, poursuit M. Filion, c'est parce que le MTQ connaît très bien notre situation, qu'il a une politique sur le bruit qui dit qu'il devrait intervenir, mais que malgré cela, il ne fait rien. Après des années, on en a assez.»

Selon le texte de la requête, déposée hier par Me Michel Chabot, la première pétition des résidants du secteur pour se plaindre du bruit de l'A-73 et réclamer un mur antibruit remonte à 1985.

Dès 1989, selon la requête, une étude commandée par le MTQ a conclu qu'une portion de ce secteur résidentiel de l'ancienne ville de Charlesbourg était exposé de façon continue à un niveau de bruit atteignant 66 décibels. La circulation a toutefois continué d'augmenter depuis. Selon la requête, 80 000 véhicules y passent chaque jour, en moyenne, durant l'été.

En 1998, le MTQ a adopté la Politique sur le bruit routier, qui stipule que «des mesures correctives seront mises en oeuvre en fonction des demandes de la population et des ressources disponibles» quand le bruit sur une de ses autoroutes atteint ou dépasse la limite de 65 dBA Leq. 24h., dans les secteurs limitrophes habités.

En 2007, une nouvelle étude, payée par la Ville de Québec et le MTQ, a confirmé les résultats de l'étude précédente en révélant que de 9 à 11% des résidences du secteur subissent une gêne acoustique qualifiée de forte ou moyenne. En conséquence, l'étude citée par la requête recommande l'aménagement de mesures d'atténuation sonore. Cette recommandation n'a toutefois été suivie d'aucune action concrète.