Les voyageurs devront s'armer de patience lorsqu'ils rentreront au Canada dans les prochains mois. Sans tambour ni trompette, l'Agence canadienne des services frontaliers (ASFC) vient de sabrer ses dépenses dans les dernières semaines, un exercice qui rallongera les temps d'attente aux frontières, selon le syndicat qui représente les douaniers.

Depuis le début de son année financière, le 1er avril, l'ASFC a lancé une opération visant à utiliser ses ressources «de façon prudente», selon les termes de son porte-parole, Dominique McNeely.

«Le contexte économique exige que nous gérions de façon prudente l'argent des contribuables», explique-t-il, sans donner plus de détails.

L'organisme gouvernemental, dont le budget annuel s'élève à plus de 1,5 milliard, refuse de chiffrer l'ampleur des coupes. Pas plus qu'il ne veut dévoiler la façon dont les économies seront réalisées.

Chose certaine, les voyageurs seront les premiers à faire les frais de ce nouveau régime. Jusqu'à tout récemment, des douaniers pouvaient allonger leurs quarts de travail d'une heure ou deux pour que les postes frontaliers fonctionnent à pleine capacité pendant les périodes achalandées. Or, indique leur syndicat, cette pratique a presque été éliminée pour restreindre les heures supplémentaires.

«On nous a informés que ce ne serait plus possible dans la plus grande partie des cas», explique le vice-président du Syndicat des douanes et de l'immigration, Jean-Pierre Fortin.

Conséquence : «Les gens devront s'attendre à des lignes d'attente beaucoup plus longues pendant la période estivale si les choses ne changent pas, poursuit-il. Et je dirais même que c'est déjà commencé pendant les fins de semaine.»

Déjà, hier soir, à 19 h, les voyageurs devaient attendre plus d'une heure pour franchir le poste frontalier de Lacolle, à la frontière de l'État de New York.

Et le pire reste à venir, selon le syndicat. L'achalandage aux frontières atteint son paroxysme en été, lorsque des milliers de Canadiens partent en vacances. Ceux qui voyagent en avion ne seront pas épargnés : les postes frontaliers situés dans les aéroports sont également soumis aux compressions budgétaires.

«Il y a une augmentation du temps d'attente qui est encore gérable pour le moment, explique Jean-Pierre Fortin. Mais la saison commence à la mi-juin avec l'augmentation des vols en Europe. C'est là que ça va frapper.»

Le porte-parole de l'AFSC, Dominique McNeely, nie pour sa part que les compressions ont un impact sur les temps d'attente. «Pour le moment, 90 % du temps, on respecte nos normes», explique-t-il.

Ses propos sont toutefois contredits par Jean-Pierre Fortin: «Ce n'est pas le message que j'ai entendu des agents que j'ai joints.»

Des mesures de sécurité sabrées

En plus des heures supplémentaires de ses douaniers, l'Agence des services frontaliers du Canada (AFSC) sabre différents programmes visant à renforcer la sécurité aux frontières. Une patrouille nautique affectée à la rivière Richelieu, ainsi qu'aux lacs Champlain et Memphrémagog, a cessé ses activités. L'AFSC a également mis au rancart une machine hautement sophistiquée qui utilise des rayons gamma pour scruter le contenu des camions qui transitent au poste de Lacolle. «On réévalue la façon de l'utiliser, explique le porte-parole de l'Agence, Dominique McNeely. On ne l'utilise peut-être pas tous les jours, mais les agents formés pour l'utiliser sont toujours sur place et peuvent l'utiliser au besoin.»