L'homme qui a dévoilé les liens d'affaires entre Brian Mulroney et Karlheinz Schreiber a affirmé que l'ex-premier ministre avait fait tout en son pouvoir pour que cette relation demeure secrète.

Dans le cadre de la Commission d'enquête Oliphant, William Kaplan a révélé jeudi que M. Mulroney avait tenté, lors d'entrevues et de conversations téléphoniques datant de 2003, de le convaincre de ne pas publier comment il en était venu à accepter de l'argent pour agir à titre de lobbyiste au nom de M. Schreiber, après avoir quitté le Parlement.

M. Kaplan, qui a qualifié de «campagne incessante» les efforts de M. Mulroney, a choisi de rendre publiques ces transactions dans un article paru dans le quotidien The Globe and Mail. Il a ensuite donné de plus amples précisions sur cette affaire dans un bouquin.

Cette histoire est au coeur de l'enquête ordonnée par le premier ministre Stephen Harper et dirigée par le juge Jeffrey Oliphant.

M. Schreiber dit avoir versé 300 000 $ à M. Mulroney pour promouvoir un projet visant à construire des véhicules blindés allemands au Canada et à les exporter dans d'autres pays.

De son côté, M. Mulroney soutient qu'il a reçu 225 000 $ et assure n'avoir posé aucun geste illégal, ni moralement contestable. Il a également affirmé que son travail de promotion était destiné aux dirigeants politiques étrangers et non pas aux politiciens canadiens.

Les notes prises par William Kaplan lors de ses entrevues avec M. Mulroney indiquent que l'ancien premier ministre avait catégoriquement nié avoir fait un faux témoignage lors d'une audience concernant une poursuite en diffamation qu'il avait déposée en 1996 contre le gouvernement libéral de Jean Chrétien.

Lors de l'audience, M. Mulroney avait affirmé qu'il ne connaissait Karlheinz Schreiber que vaguement et qu'il avait pris un café avec lui quelques fois après avoir quitté la politique.

Il a depuis dit qu'on ne l'avait pas interrogé à propos de leurs transactions financières et qu'il aurait répondu de manière plus complète si les bonnes questions lui avaient été posées.

Les notes de M. Kaplan indiquent aussi que M. Mulroney lui a dit que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'était déjà penchée sur l'affaire lors d'une enquête concernant une vente d'avions d'Airbus à Air Canada, au cours des années 1980.

«La GRC a enquêté et elle est arrivée à la conclusion qu'il n'y avait pas de problèmes», a indiqué M. Kaplan en citant les propos de l'ancien premier ministre.

Mais la GRC a publiquement contredit ces affirmations, soutenant ne pas être au courant de l'argent remis par M. Schreiber à M. Mulroney.

Jean Chrétien et l'ancien ministre libéral de la Justice Allan Rock ont également affirmé qu'ils n'avaient pas connaissance des ententes.