Le nouveau plan de transport dévoilé jeudi par Washington pourrait avoir un impact considérable sur le Québec. Barack Obama a livré sur un plateau d'argent de nouveaux arguments aux politiciens et aux écologistes en faveur de l'établissement d'un train à grande vitesse (TGV) entre Québec et Windsor ou Montréal et New York.

Barack Obama a présenté jeudi un plan de 8 à 13 milliards de dollars visant à doter les États-Unis de 10 nouveaux réseaux de trains à grande vitesse, dont trois concernent directement ou indirectement Montréal. Le plan Obama suggère que l'un des corridors relie Boston et Albany en passant par Montréal. Puis que deux autres lignes soient établies entre New York et Buffalo, de même qu'entre Chicago et un chapelet de villes du Midwest.

 

Si l'un des deux projets de TGV entre New York et Montréal, ou entre Québec et Windsor (en passant par Montréal) venaient enfin à se concrétiser, la métropole québécoise pourrait devenir une plaque tournante importante du transport des marchandises entre l'Europe (via le Port de Montréal), le Canada et les États-Unis.

La Ville de Montréal est ravie. «Montréal n'avait pas la capacité économique de mettre au point seule un train vers les États-Unis, mais maintenant ils nous tendent la main. Les occasions de développement sont extraordinaires», affirme André Lavallée, vice-président du comité exécutif à la Ville et responsable du dossier du transport.

M. Lavallée croit qu'il est trop tôt pour préciser comment ces projets pourraient se traduire concrètement. Mais le Canada, dit-il, ne pourra rester les bras croisés. Le ton est donné. «C'est un changement de cap radical. Barack Obama vient d'affirmer que le développement économique ne passe plus par l'automobile, mais par les transports écologiques. C'est sans doute le geste le plus important fait pour l'environnement depuis des décennies.»

Le gouverneur de l'État de New York et le gouvernement Charest ont annoncé le mois dernier que des pourparlers étaient en cours au sujet de la construction d'une ligne de TGV. «Puisqu'il y a aussi une volonté présidentielle, il n'y a plus de raison de ne pas avancer», renchérit le chef de Vision Montréal, Benoit Labonté.

«Les discussions sur le projet de TGV entre Montréal et New York avaient toujours échoué à cause des Américains, parce qu'ils ont à assumer la plus grosse part des coûts. La donne a changé», espère aussi Daniel Bouchard, responsable de la campagne Transport au Conseil régional de l'environnement de Montréal.

Au tour d'Ottawa

Les regards sont donc maintenant braqués sur Ottawa. Le président de Transport 2000 entend bien profiter du discours de Barack Obama pour accentuer la pression sur le gouvernement fédéral afin qu'il donne enfin son aval à la construction du lien Québec-Windsor, à l'étude depuis plus de 15 ans.

«La ferveur de Washington va nous permettre de coincer Stephen Harper pour qu'il accélère les choses.» Même son de cloche du côté du gouvernement provincial. «Le plan Obama nous réjouit. Mais c'est un dossier qui va devoir être géré par le gouvernement fédéral», note Sylvain Leclerc, porte-parole de la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet.

Ottawa a toutefois réagi avec beaucoup de prudence, hier. «Ces initiatives sont d'un intérêt, mais à long terme», a commenté Chris Day, du ministère des Transports. Or, Ottawa se penche «avant tout sur les projets d'infrastructures qui peuvent être menés à terme d'ici 2011 pour relancer l'économie canadienne», a-t-il dit.

Ottawa a lancé de nouvelles études de faisabilité sur la liaison entre Québec et Windsor, dont les conclusions sont attendues à la fin de l'année. «On verra ce qu'elles révèlent avant de se prononcer.»

«Ce sera trop tard. C'est maintenant qu'il faut s'activer», a déploré le critique du Bloc en matière de Transports, Mario Laframboise.