Les propos récents de la gouverneure générale de l'Australie Quentin Bryce relativement à une possible fin de la constitution monarchique ont beaucoup plu aux Canadiens d'allégeance républicaine, qui aimeraient lancer un débat sur l'avenir de la Reine au pays.

«Nous souhaitons que cette idée se répande davantage à l'intérieur du pays», a déclaré Tom Freda, un homme d'affaires et activiste de Toronto. M. Freda est également directeur national de Citoyens et citoyennes pour une république canadienne, un groupe sans but lucratif créé en 2002 et dont l'objectif est d'entamer les discussions afin de transformer la gouvernance du pays.

Lors d'une récente entrevue, Mme Bryce a dit croire que l'Australie deviendrait une république.

«Je crois que ça va arriver, et je pense que ce processus fait partie du développement de la démocratie de notre pays dans les décennies à venir», a-t-elle mentionné.

Alors que le mouvement républicain est solidement implanté en Australie, M. Freda mentionne que le sujet ne fait même pas l'objet de discussions au Canada.

«Nous aimerions que les Canadiens imitent ce qui se fait ailleurs dans le Commonwealth où l'on ne craint pas de traiter de la question», a-t-il noté.

Mais Robert Finch, le président directeur général de la Ligue monarchiste du Canada, un mouvement tout à fait opposé à celui auquel appartient M. Freda, croit au contraire qu'il n'existe aucun intérêt au pays pour cette question.

«C'est un sujet de discussions qui n'intéresse nullement les Canadiens», a-t-il déclaré.

Selon certains sondages, le mouvement pour l'abolition de la monarchie au Canada a pris de l'ampleur au point de se chiffrer à 55 pour cent, affirme M. Freda. M. Finch ne partage pas cette perception.

«Par-dessus tout, je pense que les Canadiens ont tendance à être des monarchistes», sans nécessairement le clamer sur tous les toits, a-t-il dit.

Les opposants à la monarchie croient que le temps est venu de se défaire des derniers liens avec le colonialisme et de se doter d'un vrai gouvernement canadien dans lequel la Couronne britannique n'aurait aucune incidence.

M. Finch et ses collègues affirment que la monarchie a eu un effet stabilisateur, permis d'accroître l'identité canadienne en plus de jouer un rôle d'arbitre neutre au-delà de la politique.

Il ajoute que les Canadiens d'allégeance républicaine ne s'entendent même pas sur le type de gouvernance pour remplacer la Couronne.

«J'appelle cela le grand paradoxe républicain», a lancé M. Finch. «Les républicains n'hésitent pas à critiquer le système actuel, mais ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le genre de république qu'ils veulent, soit un président élu ou un président nommé.»

M. Freda souligne qu'un nouveau chef d'état pourrait être élu par la population en général, nommé par le Parlement ou par un comité composé de députés et de législateurs provinciaux ou, tel que mentionné dans un éditorial, choisi par un vote de la part des membres de l'Ordre du Canada.

«Il existe des douzaines de solutions toutes meilleures que ce que nous avons actuellement», affirme M. Freda.

Peu importe la méthode, M. Finch croit que le résultat final serait le même : «le pays serait dirigé par un politicien».

En 1999, un référendum visant à rompre les liens entre la monarchie et l'Australie a été largement rejeté, alors qu'un seul des six Etats a approuvé la proposition, et par une très mince marge.