Il doit utiliser un véhicule amphibie pour atteindre sa maison, des blocs de glace jonchent son terrain, un avis d'évacuation reste en vigueur dans son quartier. Nerveux, Richard Beaudry? Pas du tout. Le niveau de la rivière L'Assomption n'a cessé de baisser, depuis deux jours, tout comme celui de plusieurs cours d'eau au Québec.

«On est habitués, a confié ce résidant du chemin privé 1, qui longe le cours d'eau. C'est toujours plus impressionnant sur le terrain du voisin. J'ai passé 50 ans ici et je sais comment la rivière se comporte.»

 

Les autorités craignaient que la fonte des neiges et les précipitations ne provoquent une cascade d'inondations ce week-end. Mais à l'instar des riverains de Notre-Dame-des-Prairies, des centaines de maisons québécoises ont été épargnées. Et ce, même si plusieurs rivières coulent à un débit et à une hauteur qui continuent d'inquiéter les autorités.

«On a reçu moins de précipitations que prévu, explique Lisa Carroll, porte-parole de la Sécurité civile. Ça veut dire qu'il y a une moins grande quantité d'eau qui se trouve dans les rivières. Mais avec le prochain système dépressionnaire qui s'en vient, on maintient notre degré de vigilance très élevé.»

À Notre-Dame-des-Prairies, un embâcle a provoqué une hausse importante du niveau de la rivière L'Assomption, en fin de semaine. Deux «grenouilles», ces grues montées sur une plateforme flottante, ont cassé la glace. Quelques minutes plus tard, les résidants qui craignaient pour leurs caves soufflaient.

«En une demi-heure, on a vu la rivière se libérer, relate le maire Alain Larue. Le niveau a baissé de 40 cm en trois quarts d'heure.»

Malgré ce répit, le pire pourrait être à venir pour les résidants de cette municipalité, située juste à côté de Joliette. Car au Nord, à Saint-Côme, la rivière L'Assomption est toujours encombrée par la glace. Lorsque celle-ci se morcellera, la rivière est assurée de gonfler en aval.

«Il y a toujours l'influence des glaces qui s'en viennent, en plus des pluies, dit le maire Larue en regardant le cours d'eau. On a beau avoir l'expérience de cette rivière, Dame Nature n'arrête jamais de nous surprendre.»

Pierre Bérubé sait trop bien que le cours d'eau peut réserver de mauvaises surprises. Il a fait surélever sa maison de plus de deux mètres après des inondations en 1998. Dans les prochains jours, il s'attend à voir l'eau grimper de nouveau.

«Elle monte encore plus haut quand les glaces sont parties, dit-il. C'est là que c'est le plus dangereux.»

Évacuations

Pendant ce temps, plusieurs autres rivières du Québec se font toujours plus menaçantes. La Sécurité civile surveille étroitement tous les cours d'eau de l'Outaouais, de la Mauricie et du Bas-Saint-Laurent.

À Saint-André-Avellin, en Outaouais, cinq maisons ont été évacuées à cause du haut débit de la rivière Petite-Nation. Une autre demeure a été évacuée en amont de la même rivière, à Montpellier.

Les choses sont plus corsées à Matane, où la rivière du même nom a sorti de son lit. Une dizaine de résidences ont été évacuées. Vingt personnes ont dû quitter leur maison.

Même si les problèmes appréhendés en fin de semaine ne sont finalement pas survenus, le pire semble bel et bien à venir, confirme Lisa Carroll, de la Sécurité civile: «On peut s'attendre à ce que les niveaux soient à la hausse avec les précipitations qui sont attendues.»