Pas moins de 75 appareils radioactifs, utilisés en médecine et dans l'industrie, ont disparu ces dernières années au Canada. Près du tiers d'entre eux sont considérés comme dangereux pour la santé humaine, révèlent des données dévoilées récemment.

Un rapport de la Commission canadienne de sûreté nucléaire révèle que 24 de ces dispositifs, jugés à risques moyens et élevés, ont été perdus ou volés entre 2005 et la fin de 2008.

Plusieurs appareils ont été perdus dans le transport ou étaient à bord de véhicules volés par des malfaiteurs. Cela inclut un appareil à imagerie médicale égaré à Mercier, au sud de Montréal. La plupart de la vingtaine de dispositifs les plus dangereux ont finalement été retrouvés, sauf une jauge disparue d'une fonderie d'Inco à Copper Cliff, en Ontario.

Les autorités ont tenté d'améliorer le suivi de ces appareils, qui peuvent servir autant à mesurer l'humidité du sol qu'à irradier le sang, de crainte qu'ils ne soient détournés à des fins malveillantes, notamment des attentats terroristes. Des personnes mal intentionnées pourraient aussi tout simplement laisser une source radioactive à risque élevé dans un endroit public achalandé, comme un aéroport, ce qui exposerait des centaines de personnes aux radiations.

Devant le fait que des détenteurs autorisés comme des firmes de construction, des laboratoires médicaux et des cliniques médicales perdent de tels articles chaque année, des experts en environnement et en sécurité se demandent si suffisamment d'efforts sont faits pour contrer ce problème.

«Il faut se demander s'il existe des mesures réglementaires pour empêcher ou réduire le nombre des incidents, ou si on pense que c'est quelque chose qu'on ne peut éviter et qui va continuer de se produire régulièrement», demande Dave Martin, responsable des questions de climat et d'énergie pour l'organisation Greenpeace.

Charles Ferguson, expert en science et technologie au U.S. Council on Foreign Relations, souligne que le matériel radioactif égaré pourrait, en l'absence d'un écran protecteur, blesser gravement toute personne qui serait en contact avec lui pendant quelques minutes ou quelques heures, voire tuer quelqu'un qui se trouverait à proximité de la substance radioactive pendant quelques jours. Lui aussi se demande si les gens chargés de surveiller ces équipements prennent les précautions requises.

La commission de sûreté nucléaire n'a pas commenté son rapport. Mais elle a déjà fait état d'efforts pour garder la trace des sources de radioactivité au moyen de la création d'un registre spécial et d'un système de suivi.