La présence annoncée d'un député conservateur à un événement où une arme semi-automatique fera l'objet d'un prix de présence a fait sursauter un survivant de la tragédie du Collège Dawson.

Hayder Kadhim, atteint plusieurs fois par les tirs du tueur ayant fait irruption au collège montréalais il y a deux ans, a confié juger «désolant» que le député saskatchewanais, Garry Breitkreuz, ait voulu prendre part à un souper au cours duquel sera offert une arme Baretta.

L'arme de poing utilisée par celui qui a fait un mort et 13 blessés dans l'établissement scolaire montréalais en septembre 2006 était, justement, une Baretta acquise légalement.

Au départ, le député conservateur devait être conférencier au souper organisé par la Canadian Shooting Sports Association, comme le rapportait le Toronto Star dans son édition de jeudi.

Puis, devant la levée de boucliers provoquée par la nouvelle, le groupe de lobby des armes à feu a fait savoir que le député ne serait plus conférencier lors de l'événement le mois prochain, puisque l'affaire était devenue un «sujet de controverse». M. Breitkreuz aura cependant le loisir d'y assister, s'il le souhaite. Le député n'était pas disponible pour une entrevue téléphonique, jeudi.

Plus tard en après-midi, le bureau du premier ministre a indiqué que M. Breitkreuz n'assistera finalement pas au souper. Selon le porte-parole Dimitri Soudas, si M. Breitkreuz avait su qu'une arme semi-automatique allait être offerte en tirage, il n'aurait sans doute pas accepté de participer à l'événement en premier lieu.

Le député de la Saskatchewan est malgré tout reconnu pour ses positions en faveur du port d'armes à feu. Il a récemment déposé un projet de loi à la Chambre des communes sur l'abolition du registre des armes à feu pour les armes de chasse.

Plusieurs autres mesures incluses dans son projet de loi privé visaient un relâchement du contrôle des armes à feu, mais ces autres aspects seront retirés du texte proposé.

«Je ne vois pas ces mesures comme étant centrales à mon but qui, depuis longtemps, est de mettre fin au registre des armes à feu», a-t-il écrit sur son site Internet, jeudi.

Le gouvernement conservateur, qui a traditionnellement prôné le durcissement des sanctions contre les criminels plutôt que le contrôle des armes à feu, appuie cette initiative.

Pour Hayder Kadhim, qui doit vivre avec une balle logée dans sa tête depuis la tragédie de Dawson, la position conservatrice sur le registre des armes est un «manque de respect» à l'égard des victimes.

«On ne veut pas une interdiction complète des armes à feu. On dit que les armes à feu sont potentiellement dangereuses, et qu'il faut donc bien les contrôler et mettre des restrictions», a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique.

Selon celui qui étudie désormais à l'Université Concordia, des peines plus sévères pour les criminels ne s'opposent pas à un contrôle plus grand des armes au Canada.

«Oui, on peut augmenter les peines des criminels, mais en même temps, il faut contrôler les armes à feu, et le registre est certainement un moyen efficace», a-t-il avancé.

Trouve-t-il que la décision de M. Breitkreuz d'abandonner l'idée de participer au souper du lobby est une sage décision?

«Ca dépend des motifs», a-t-il laissé tomber.