«C'est ridicule. Elle est là pour aider, et on la kidnappe.»

Jointe à son domicile de Charlottetown, hier après-midi, Amanda Archer venait tout juste d'apprendre ce qui était arrivé à sa cousine Laura, cette infirmière montréalaise enlevée mercredi soir alors qu'elle était en mission humanitaire au Darfour.

La nouvelle a secoué la capitale de l'Île-du-Prince-Édouard, ville où Laura Archer est née et a grandi. Son père, sa mère, sa soeur et de nombreux cousins y vivent encore. «On espère seulement qu'elle reviendra saine et sauve», a dit Amanda Archer.

 

Les parents de Laura, Ted et Barbra, étaient recueillis dans leur domicile de la rue St. Peters. «Pour le moment, nous sommes incapables d'en parler», nous a répondu Ted Archer, qui est dentiste à Charlottetown.

L'inquiétude se faisait également sentir à quelque 1000 km de là dans un petit restaurant à déjeuners de Saint-Henri, à Montréal. Laura, qui est âgée de 31 ans, habite le quartier depuis avril 2007 avec son conjoint.

Trois employés du Café Joe, rue Saint-Antoine Ouest, discutaient de leur ancienne collègue. Laura y a travaillé quelques semaines à l'été 2007, entre deux de ses voyages. Elle habite dans un loft de l'autre côté de la rue.

La dernière fois qu'ils l'ont vue, c'était l'automne dernier, peu avant son départ pour le Soudan. Elle devait revenir au pays à la mi-avril. «Laura nous avait dit que ce voyage serait son dernier», a confié Elana Codas, accoudée au comptoir. «En fait, elle disait ça chaque fois qu'elle partait, a renchéri Jonathan Macleod. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle repartait. C'est une passionnée.»

Une artiste passionnée

Laura Archer a commencé à voyager en 2003, après avoir été impliquée dans un accident de voiture en Californie. Munie d'un sac à dos, elle a parcouru l'Asie et le Moyen-Orient pendant plusieurs mois.

La jeune femme était en Thaïlande quand un tsunami a dévasté la région en décembre 2004. Elle s'est immédiatement rendue dans la capitale, Bangkok, pour offrir son aide. C'est là qu'elle a eu la piqûre pour l'aide humanitaire.

À son retour, Laura Archer a postulé pour Médecins sans frontières, une organisation française à but humanitaire. En 2006-2007, elle a été affectée pendant près d'un an à un programme d'aide au Tchad et en République centrafricaine. Elle a soigné des milliers de réfugiés et mis sur pied un programme contre la violence sexuelle.

Laura est revenue à Montréal en 2007 pour perfectionner son français. C'est à cette époque qu'elle a commencé à peindre dans son loft de Saint-Henri. En août dernier, elle a fait sa première exposition en montrant des portraits de réfugiés qu'elle avait rencontrés en Afrique.

«Travailler avec Médecins sans frontières a été l'expérience la plus difficile, mais aussi la plus gratifiante de ma vie», a écrit Laura Archer dans le journal de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard, où elle a obtenu son diplôme en 2001.

«L'expérience m'a rendue plus humble. Je savais que, contrairement à mes collègues, je pouvais partir. J'étais consciente que j'avais une maison sécuritaire pour revenir et que mes besoins primaires seraient toujours comblés.»