Après avoir critiqué le gouvernement, il y a dix jours, le Commissaire à l'information du Canada tourne maintenant son attention sur les demandeurs.

Robert Marleau doit discuter en comité parlementaire lundi après-midi de 12 recommandations qu'il a faites en vue d'une possible révision de la Loi sur l'accès à l'information du Canada.

Me Marleau y discute entre autres de la question des délais. Il souhaite les diminuer en obligeant tous les organismes fédéraux à lui demander l'autorisation d'attendre plus de trois mois avant de fournir l'information requise.

L'une des recommandations qui pourrait être le plus débattue, cependant, est celle qui vise à permettre aux organismes fédéraux de prendre plus de temps pour répondre aux demandeurs qui font plusieurs demandes simultanées.

L'avocat Michel Drapeau, qui est spécialisé dans cette loi, juge qu'il s'agit d'une attaque frontale contre les demandeurs qui, comme lui, sont parfois appelés à faire de multiples demandes à un même ministère ou organisme. Les clients de Me Drapeau incluent des politiciens et des médias.

Mais aux yeux de Robert Marleau, il en va du bon fonctionnement de la loi. «Ça va apporter une discipline des deux côtés», a-t-il dit en entrevue à La Presse lundi midi.

Il a noté qu'à eux seuls, deux demandeurs représentaient 35% de son nombre d'enquêtes et que 10 représentaient 50 % de son nombre d'enquêtes. Selon lui, plusieurs demandes sont mal formulées, sont trop larges et grugent trop de temps à différents départements d'accès à l'information.

Depuis quelques semaines, Robert Marleau tape sur les doigts du gouvernement pour son non-respect des délais et le manque de volonté politique pour améliorer la situation.

Les pressions se multiplient auprès du gouvernement pour qu'il réforme la loi, qui a maintenant 25 ans. Mais le ministre de la Justice, Rob Nicholson, n'a pas dit quelles étaient ses intentions.

Les autres recommandations du commissaire incluent : d'assujettir le Parlement et le cabinet à la loi sur l'accès; que le Parlement révise la loi à chaque cinq ans; et qu'il ait la discrétion de décider d'enquêter ou non sur une plainte.

M. Marleau souhaite aussi élargir la définition de demandeurs, pour inclure entre autres les citoyens canadiens qui demeurent à l'extérieur du pays.