Le premier ministre Stephen Harper a raison de déclarer que les militaires occidentaux ne gagneront pas la guerre contre les insurgés en Afghanistan. Mais cela ne remet pas en question la raison d'être de la mission dont le but principal est de venir en aide à la population afghane.

C'est du moins l'opinion émise par quelques membres de la famille militaire de Valcartier croisés hier après-midi dans un petit centre commercial jouxtant cette base.

 

Dans une entrevue diffusée sur CNN il y a quelques jours, le premier ministre Harper a déclaré ne pas voir le jour où les militaires réussiraient à vaincre les talibans. Cela ne semble pas provoquer un choc chez ceux qui sont les premiers concernés.

«Ça fait du bien de se faire dire la vérité, des fois, indique Roch Leclerc, ancien militaire comptant 22 ans de service. On ne peut pas vaincre des gens qui n'ont rien à perdre. Ils n'ont rien et n'ont jamais rien eu. Tous ceux qui y sont allés n'y sont restés que quelques années, que ce soient les Soviétiques, les Anglais, Alexandre le Grand ou Genghis Khan.»

M. Leclerc croit néanmoins que la mission en vaut la peine. «Sur une population de 20 millions de personnes, il y a peut-être un million d'insurgés», dit-il. Pour lui, la population afghane bénéficie de la présence canadienne.

«Nous avons un mandat qui n'est pas de faire la guerre mais d'aider les gens. On est là pour la reconstruction», dit une femme, caporal dans les Forces et dont le conjoint est sur le point d'être déployé à Kandahar.

Opinion identique chez Maryse Tremblay, ancienne militaire pour qui la question n'est pas de gagner ou de perdre, mais d'aider les gens.

Mme Tremblay trouve tout de même malheureuse la déclaration du premier ministre Harper qui, selon elle, envoie le mauvais message. «Les gens vont avoir l'impression que nous n'étions là que pour nous battre alors que ce n'est pas le cas», dit-elle.

Un autre soldat, déployé à Kandahar, mais qui n'a pas voulu nous donner son nom, rappelle la nature asymétrique de ce conflit où les soldats occidentaux ne savent jamais s'ils ont ou non un ennemi en face d'eux. «Tu peux serrer la main d'un gars qui est un taliban», dit-il.

En ce sens, il donne raison au premier ministre.