Ottawa a ouvert la porte lundi à des discussions sur le sort d'un terrain de 10 000 mètres carrés situé devant l'Assemblée nationale du Québec et sur lequel se trouvent entre autres les bronzes des premiers ministres René Lévesque et Robert Bourassa.

Ce lopin de terre, qui faisait autrefois partie des fortifications de la Vieille Capitale, appartient toujours au fédéral. Ce dernier le loue à l'État québécois pour une bouchée de pain depuis la fin du XIXe siècle. Il y a trois ans, le gouvernement de Jean Charest a demandé à ce qu'il soit définitivement cédé à la province mais sa requête est restée lettre morte.

La ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Josée Verner, a toutefois confié lundi qu'elle avait abordé la question dans la journée avec son homologue du Québec, Jacques Dupuis.

«Nous avons discuté de plusieurs dossiers dont ce dossier et nous avons convenu d'en reparler plus tard», a-t-elle déclaré, pendant la période des questions.

D'après l'attaché de presse du ministre Dupuis, David Couturier, le gouvernement du Québec n'a pas réitéré officiellement la demande formulée en 2006 par le ministre de l'époque, Benoît Pelletier, qui est récemment redevenu professeur de droit constitutionnel.

«M. Dupuis n'est pas arrivé avec une lettre signée de sa propre main pour réitérer ce que M. Pelletier avait fait. Ce n'est pas ça du tout. C'a simplement été discuté», a-t-il expliqué en entrevue à La Presse Canadienne.

«Sauf que Mme Verner, si elle en a discuté, semble sensible à ça», a-t-il ajouté.

Le cabinet du premier ministre Stephen Harper ne semble cependant pas prendre très au sérieux cette revendication historique du Québec, qui a refait surface la semaine dernière dans la foulée de la controverse sur le projet de reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham.

De New York où il accompagnait son patron, l'attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas, a raillé les requêtes du Bloc québécois et du Parti québécois, qui ont tous deux demandé au cours des derniers jours la rétrocession des terrains de la colline parlementaire ainsi que ceux des plaines, qui sont situées à un jet de pierre de là.

«Pendant que M. Duceppe et Mme Marois se préoccupent d'être des agents immobiliers, nous on va se concentrer sur l'économie», a-t-il indiqué.

Selon certaines estimations, Ottawa est toujours propriétaire d'environ 40 pour cent des terrains du Vieux-Québec.

Cette situation est «tout à fait inadmissible» pour le Bloc qui reproche en outre à Ottawa d'utiliser certains des lieux dont il est propriétaire «à des fins de visibilité fédérale».

«C'est à n'y rien comprendre: ces terrains, symboles de la nation québécoise, appartiennent actuellement au gouvernement fédéral, qui fait du Québec un locataire chez lui!», a fait valoir le porte-parole du parti en matière d'affaires intergouvernementales et ex-président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Jean Dorion.

Les libéraux et le Nouveau Parti démocratique ne se sont pas mêlés du débat. Le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair croit que les parties sauront s'entendre pour se débarrasser de cet irritant.

Celui qui a démissionné de son poste de ministre de l'Environnement du Québec pour protester contre le développement du parc du Mont-Orford n'a pu résister à la tentation de poser une condition à un éventuel transfert de propriété.

Il est d'accord, «pourvu qu'on ne construise pas de condos sur les plaines d'Abraham», a-t-il lancé en boutade.