Les soldats canadiens ne sont pas les seuls à bouder une partie de l'équipement fourni par l'armée. En Grande-Bretagne, dans l'année qui a suivi le déclenchement de la guerre en Irak, 55% des soldats et 42% des officiers ont acheté des ensembles militaires sur l'internet ou dans les surplus de l'armée, indique un sondage publié dans le magazine Soldier.

Chez nos voisins du Sud, le phénomène a pris de telles proportions qu'en 2006, le Congrès a dû adopter une loi pour rembourser jusqu'à hauteur de 1100$ des plaques pare-balles achetées sur l'internet par les militaires entre 2001 et 2004.

 

Si, pour certains Marines américains, l'achat de ces ensembles était avant tout une affaire de style, pour d'autres, c'était une simple question de survie. En octobre 2003, les médias avaient rapporté qu'en raison d'une pénurie, plus du quart d'entre eux n'avaient pas reçu les plaques pare-balles de céramique censées les protéger contre les balles ennemies. En peu de temps, des dizaines de sites spécialisés portant des noms comme Cheaper Than Dirt, U.S. Cavalry et Brigade Quartermaster ont vu leur chiffre d'affaires exploser. L'entreprise californienne Pinacle Armor, fabricante d'une plaque de protection appelée Dragon Skin - la préférée des mercenaires à l'emploi de firmes privées de protection présentes en Irak, mais rejetée par l'armée en raison de son coût et de son efficacité -, a fait des affaires d'or.

Mais depuis le début du programme de remboursement adopté par le Congrès, l'armée américaine a resserré la vis. Tout soldat pris à porter une armure non réglementaire doit désormais la remplacer sur-le-champ. «Nous sommes très préoccupés par le fait que des gens déboursent de l'argent durement gagné pour acheter du matériel qui n'assure pas un niveau de protection aussi élevé que celui que nous exigeons», a déclaré à l'Associated Press le colonel Thamas Spoehr, directeur du matériel de l'armée américaine.

Depuis, les affaires ont ralenti chez les revendeurs d'attirails militaires. «Le gros de notre chiffre d'affaires provient maintenant des civils ou des organisations policières. On ne vend plus grand-chose aux militaires», affirme Andrew Koehler, responsable du magasin en ligne BulletProofMe.com.