Le ministère des Affaires étrangères n'a pas jugé bon d'évaluer les différentes options légales pour le rapatriement d'Omar Khadr, ce citoyen canadien emprisonné à Guantanamo depuis six ans.

Le ministre, Lawrence Cannon, a indiqué mardi en comité parlementaire que personne, dans son ministère, n'avait exploré la possibilité légale de rapatrier le Torontois de 22 ans. Pas un sou n'aurait d'ailleurs été dépensé pour évaluer cette option que réclament les groupes de défense des droits de la personne depuis longtemps.

Selon M. Cannon, les procédures entamées par les autorités américaines doivent suivre leur cours. Les appels des partis de l'opposition, réclamant que cet unique ressortissant occidental encore enfermé à la prison militaire cubaine revienne au pays pour être jugé chez-lui, sont pour l'instant restés lettre morte.

«Ce n'était pas et ce n'est toujours pas dans les visées du gouvernement. Je l'ai mentionné à plusieurs reprises: l'objet du gouvernement, c'est de suivre - avec intérêt, oui - ce qui se déroule aux Etats-Unis», a expliqué M. Cannon à sa sortie du comité.

Lundi, l'un des avocats de M. Khadr, William Kuebler, a affirmé à La Presse Canadienne avoir tenté à deux reprises de joindre M. Cannon pour lui demander une rencontre. Ses appels n'ont pas été retournés.

La position traditionnelle du gouvernement conservateur à l'égard d'Omar Khadr pourrait cependant être amenée à changer, puisque le nouveau président américain, Barack Obama, a signé un décret ordonnant la fermeture de la prison de Guantanamo.

La visite du président à Ottawa la semaine prochaine suscite d'ailleurs un certain espoir chez ceux qui exigent le retour de M. Khadr au pays. Les partis d'opposition et les avocats du prisonnier demandent au premier ministre Stephen Harper que le dossier Khadr soit à l'ordre du jour de sa rencontre avec M. Obama.

Le gouvernement conservateur n'a pas voulu fermer complètement la porte à une éventuelle discussion sur le sujet, mais a bien spécifié que l'économie constituerait le coeur de la réunion entre les deux chefs d'Etat.

Omar Khadr a été arrêté en Afghanistan et transféré à la prison de Guantanamo alors qu'il était âgé de 15 ans. Les Etats-Unis l'accusent d'avoir tué un soldat américain à l'aide d'une grenade.

Ces accusations ne sont pas anodines, a rappelé M. Cannon en comité parlementaire. Il n'a pas voulu dire toutefois s'il considérait qu'Omar Khadr était un enfant soldat.

«Je ne pense pas que le débat se situe là», a-t-il noté.