Les propriétaires de stations de ski ne sont plus aussi enthousiastes qu'au début de la saison. Le mois de janvier a déçu. La lucrative période de Noël aussi. Les prochaines semaines s'annoncent cruciales.

Le constat de l'Association des stations de ski du Québec est sans appel: «C'est clair que le mois de janvier a été très décevant», dit Alexis Boyer-Lafontaine, directeur des affaires publiques de l'ASSQ. S'agit-il d'un contrecoup de la crise financière? «Non. Notre industrie subit bien plus les effets d'une baisse du mercure que de la Bourse, et on se l'est fait rappeler durement cette année», dit M. Boyer-Lafontaine.

 

Le mois de janvier a été marqué par une vague de froid peu commune, au cours de laquelle les températures ont plongé pendant plusieurs jours sous la barre des -20°C.

«Le simple fait de prédire qu'il fera aussi froid suffit à convaincre les skieurs de rester chez eux et de faire une croix sur leurs projets du week-end, même si, en réalité, il fait beaucoup moins froid que les météorologues l'avaient annoncé, soupire Charles Désourdy, président-directeur général du centre de ski Bromont. Nous n'avons pas eu beaucoup de grosses journées.» La première, ajoute-t-il, a eu lieu dimanche dernier, soit plusieurs semaines après l'ouverture de la station.

À l'inverse, l'un des plus importants week-ends de l'année, entre Noël et le jour de l'An, a été miné par des températures anormalement douces et de la pluie. «La fin de semaine des 27-28 décembre nous a fait mal, reconnaît Christian Dufour, directeur de l'exploitation de six centres de ski des Laurentides, dont Mont-Saint-Sauveur. Quand la météo est de notre bord, les gens viennent... mais ceux qui attendent LA journée idéale de l'hiver n'ont pas encore eu beaucoup d'occasions de sortir.»

Optimistes malgré tout

Malgré tout, le ton se veut encore assez optimiste dans les centres de ski, en partie parce que les ventes d'abonnements ont été excellentes en début d'année, certainement stimulées par le souvenir des conditions exceptionnelles de la saison 2006-2007. Mais il est difficile de prédire si cela suffira à compenser le recul des ventes de billets à la journée appréhendé pour janvier.

Dans ces conditions, la semaine de relâche revêt une importance encore plus marquée cette année, dit Alexis Boyer-Lafontaine. Elle peut représenter jusqu'à 15% du chiffre d'affaires annuel. «Pour plusieurs centres, ce sera l'occasion de faire la différence entre le déficit et la rentabilité», dit-il.

À la Station Mont-Tremblant, les réservations vont bon train pour le moment, y compris pour la période des vacances scolaires aux États-Unis et en Ontario. «La nouvelle liaison aérienne avec New York nous avantage cette année, mais on reste à l'affût. On ne sait pas ce que nous réserve l'avenir, le recul pourrait être plus sévère que prévu et on pourrait alors être touchés», dit la porte-parole Lyne Lortie.

Et partout on croise les doigts pour que les prévisions des météorologues soient de meilleur augure que celles des dernières semaines.