Le Canada arrive au troisième rang mondial au chapitre de la gestion responsable des pêcheries, selon une nouvelle étude internationale. Basée sur le Code de conduite pour une pêche responsable de l'ONU, cette analyse déplore toutefois des lacunes en matière de prises involontaires.

«Le Canada a de bons résultats parce qu'une loi de 1998 reprend la plupart des principes du Code de conduite», explique l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Science, Tony Pitcher, de l'Université de Colombie-Britannique. « Mais l'application de la loi laisse à désirer, comme le vérificateur général l'a remarqué récemment. »

L'étude porte sur 53 pays responsables de 96% des prises mondiales. La Norvège arrive en première place avec une note de 60%, suivie par les États-Unis et le Canada avec 57%. Une trentaine de pays ont échoué - moins de 40% - à chacun des six groupes de mesures. Le Canada échoue dans deux des 44 mesures formant ces six groupes. Aucun n'a obtenu la note de 70% attribuée aux «bons élèves». La note de passage est de 40%.

Trois reproches au Canada

M. Pitcher fait trois principaux reproches au Canada : 1) Les zones de protection, où la pêche est interdite en tout temps, sont minuscules - «de la taille de mon bureau», dit-il. 2) Le pays n'oblige pas comme la Norvège les pêcheurs à utiliser des filets biodégradables ou que l'on peut retrouver pour éviter la «pêche fantôme» de filets à la dérive qui continuent à capturer des poissons après avoir rompu les amarres. 3) Les prises involontaires ne sont pas nécessairement prises en compte. De plus, la pêche illégale est mal mesurée - elle va de 7% sur la côte Ouest pour le saumon à peut-être 25% sur la côte Ouest.

David Bevan, sous-ministre adjoint de Pêches et Océans, réfute les allégations de M. Pitcher pour ce qui est des zones interdites et des prises involontaires, qui doivent généralement être ramenées et comptabilisées pour les quotas, selon M. Bevan. Il affirme que la pêche fantôme est bien circonscrite, notamment à l'aide de pièges à homard biodégradables - mais il ne mentionne pas les filets à la dérive.

Une règlementation ajustable

«Le Code de conduite de l'ONU date un peu, dit M. Bevan. Nous préférons utiliser des concepts plus récents de pêche durable. Par exemple, la gestion des écosystèmes tient maintenant compte des différents types d'écosystèmes et de leur productivité. Le Canada est très bien outillé parce que la loi de 1998 permet au ministère d'agir rapidement quand la situation change, d'ajuster la réglementation le mieux possible.»

À l'Institut des sciences de la mer de Rimouski, le professeur Jean-Claude Brêthes estime que l'analyse de M. Pitcher est «sévère». «Les critères qui ont été pris vont plus loin que ce que le Code de conduite demande, dit M. Brêthes. Par exemple, les zones de protection marine ne font pas partie obligatoirement du Code.»