Amnistie Internationale a appelé mercredi le Canada à proposer au président Barack Obama, lors de sa prochaine visite à Ottawa, d'accueillir des détenus de Guantanamo, notamment des membres de la minorité musulmane ouïghoure de Chine et le Canadien Omar Khadr.

«Le moment est venu pour le Canada de contribuer à restaurer (les droits de l'homme) dans ce lieu d'injustice. C'est le message que le premier ministre Stephen Harper doit transmettre au président Obama le 19 février», a déclaré Alex Neve, secrétaire général d'Amnistie Internationale Canada lors d'une conférence de presse.

Le président Obama a décidé de fermer Guantanamo d'ici un an, mais les États-Unis doivent trouver un lieu d'accueil pour les détenus qui s'y trouvent encore, en particulier ceux qui ne peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine.

Amnistie a ainsi demandé à Ottawa d'accueillir et de réinstaller au Canada 17 Ouïghours, membres d'une minorité turcophone persécutée en Chine. Ils ne sont pas considérés comme des «ennemis combattants» par Washington, mais n'ont pas été envoyés en Chine en raison de craintes qu'ils n'y soient torturés, souligne l'organisation.

Réfugiés en Afghanistan, ils avaient été vendus aux Américains par des chasseurs de prime à l'automne 2001.

Le quotidien The Globe and Mail rapportait mercredi qu'Ottawa était sur le point d'accueillir trois ouïghours à la suite d'une rencontre du ministre de l'Immigration Jason Kenney avec un défenseur ouïghour des droits de l'homme, Mehmet Tohti.

Le porte-parole du ministre Alykhan Velshi a toutefois indiqué dans un courriel à l'AFP que cette information était «fausse» et que la rencontre ne portait pas sur la réinstallation des prisonniers de Guantanamo.

Amnistie a également réclamé le rapatriement d'Omar Khadr, le seul occidental encore détenu à Guantanamo, qui a été arrêté à l'âge de 15 ans pour le meurtre présumé d'un soldat américain en 2002 en Afghanistan et est détenu depuis 6 ans et demi.

Le gouvernement conservateur répète régulièrement qu'il ne fera rien tant que la procédure américaine contre lui ne sera pas achevée, malgré les appels réitérés de l'opposition et de nombreuses organisations canadiennes.

Amnistie a enfin plaidé la cause d'un ressortissant algérien Djamel Ameziane, lui aussi vendu aux Américains par des chasseurs de primes et détenu depuis sept ans, bien qu'il n'ait pas fait l'objet d'accusations.

L'organisation des droits de l'homme estime qu'il risque la torture dans son pays d'origine et demande à Ottawa de l'accueillir car il a vécu cinq ans à Montréal et a un frère au Canada.