L'animateur Sylvain Bouchard, du FM 93,3 à Québec, n'a pas l'intention de s'excuser auprès de Françoise David, même si cette dernière en est à se plaindre auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

En fait, il ne voit pas ce qu'il a pu faire qui mériterait des excuses.

«J'estime que je n'ai rien à me reprocher», a-t-il déclaré en entrevue à La Presse Canadienne. Et il ne cherchera pas à acheter la paix. «Depuis quand on s'excuse quand on n'a rien fait de mal?», a-t-il demandé.

M. Bouchard a aussi déploré le traitement que les médias lui ont réservé et l'ampleur accordée à cette affaire. Il a affirmé avoir l'impression qu'on l'a déjà reconnu coupable.

«Je trouve ça extrêmement plate d'être condamné sur la place publique, a-t-il dit. Même si tu penses avoir raison, tu ne peux plus te défendre, parce que c'est devenu trop gros.»

Sylvain Bouchard a souligné qu'alors qu'on lui reproche des propos injurieux, il n'a fait que qualifier Mme David de «communiste», de «marxiste» ou de «soviétique». Il ne s'agit ni d'injures ni de propos diffamatoires, d'après lui.

«Je fais référence à ses choix idéologiques et non pas à la personne», a-t-il expliqué, ajoutant que «c'est une caricature de ce qu'elle représente sur l'échiquier politique québécois».

«J'aurais aimé que certains mentionnent que Québec solidaire a été l'allié du Parti communiste aux dernières élections, mais aucun média ne l'a écrit», a-t-il déploré.

Des membres des partis communiste, socialiste ou marxiste-léniniste sont en effet aussi membres de Québec solidaire, mais il n'y a pas vraiment d'alliance entre les formations.

En novembre dernier, Mme David avait rappelé que ces quelques dizaines de personnes avaient adhéré à son parti dès sa fondation. «Québec solidaire se définit comme un parti à gauche du Parti québécois, pas d'extrême gauche. Cela dit, il y a de la place dans notre parti pour des gens qui ont des opinions différentes. Le Parti québécois a bien ses purs et durs du nationalisme», avait-elle fait valoir.

Quant aux accusations d'incitation au vandalisme - et, par extension, à la violence - dont il fait l'objet pour avoir demandé aux jeunes de déchirer une page dans leur cahier du cours Ethique et culture religieuse, Sylvain Bouchard a tenu à apporter une précision.

«Le cahier d'exercice appartient à l'élève, a-t-il dit. Il écrit dedans. Est-ce que c'est du vandalisme? S'il retire la page et me l'envoie à la station dans l'espoir de gagner le concours et qu'on la lui redonne après, il est où le vandalisme? C'est du matériel qui lui appartient.»

M. Bouchard a assuré qu'il n'avait rien, personnellement, contre Françoise David. Bien qu'il n'ait pas les mêmes positions politiques qu'elle - il l'a exprimé assez clairement -, ce qui l'a dérangé, c'est qu'un cahier utilisé à l'école fasse le portrait d'une personne qui est en politique active.

«Je verrai ce que le CRTC en dira, mais je pense sincèrement avoir le droit, dans une société démocratique, de penser ça», a-t-il ajouté.

«Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, a-t-il dit en parlant des plaintes logées contre lui au CRTC. On a gagné pratiquement chaque fois et ça n'a pas fait d'histoire. On ne fait pas de la diffamation, on ne fait pas de la radio poubelle, et on ne fait pas d'attaques personnelles.»

Il invite à nouveau Mme David à venir discuter avec lui devant les micros du 93,3.

Pas d'excuses, mais des regrets

Dans un communiqué publié mercredi et signé par son directeur général, Jean-Paul Lemire, le 93,3 dit constater que son concours «a pu être considéré de mauvais goût et a pu également heurter certaines personnes, dont Mme Françoise David». La station de radio de Québec ajoute qu'elle «le regrette».

«Le 93,3 réitère sa position de radio d'opinions, qui se veut respectueuse des personnes, tout en permettant des débats vigoureux sur les questions d'actualité», ajoute le communiqué.