Les Québécois ont égalé hier matin le record de consommation d'électricité établi cinq ans plus tôt jour pour jour, le 15 janvier 2004. Mais ce record ne survivra probablement que quelques heures encore, puisque Hydro-Québec s'attend à le fracasser ce matin, troisième jour d'une vague de froid sans précédent.

Hier entre 6h et 9h, alors que le mercure indiquait -24 °C à Montréal, la consommation a atteint 36 250 mégawatts, des poussières sous le record de 36 268 mégawatts établi en 2004. On avait alors enregistré un sibérien -29,1 °C. Au plus fort de la demande, hier matin, quelque 12 000 abonnés ont manqué de courant dans la province, essentiellement dans la région de Saint-Sauveur. Tous les abonnés devaient être rebranchés au plus tard en fin d'après-midi. Hydro-Québec s'attend par ailleurs à établir un nouveau record de consommation de 38 000 mégawatts ce matin, alors qu'on annonce une température de -28 degrés. Pourquoi la demande va ainsi en augmentant ? «Le froid continuel fait en sorte que l'enveloppe thermique des maisons perd sa chaleur, répond Louis-Olivier Batty, porte-parole à Hydro-Québec. C'est la raison pour laquelle nous ne faisons pas d'appel à la population quand il y a seulement une journée de grand froid.»

Et 38 000 mégawatts, c'est à peine 2000 mégawatts sous la capacité maximale d'Hydro-Québec. «On a assez d'électricité pour répondre à cette demande, mais on relance l'appel à la population pour réduire sa consommation «, dit M. Batty. La société d'État recommande de baisser le chauffage de deux degrés, de réduire l'éclairage à l'essentiel, surtout à l'extérieur, de limiter l'usage de l'eau chaude et de reporter l'utilisation des gros appareils électroménagers comme la sécheuse et le lavevaisselle en dehors des heures de pointe. «En 2004, on a réussi à économiser 800 mégawatts de cette façon», rappelle le porte-parole, qui suggère à la blague de privilégier les feux de foyer et les fondues au cours des soirées frisquettes à venir. «C'est romantique et ça ne consomme pas d'électricité.» Afin de donner l'exemple, Hydro-Québec a réduit le chauffage et l'éclairage dans tous ses locaux au Québec et a éteint le logo de son siège social, boulevard René-Lévesque à Montréal.

L'Université de Montréal a annoncé hier qu'elle faisait de même en coupant l'éclairage de nuit de sa grande tour emblématique. Pourquoi les édifices gardentils leur éclairage allumé la nuit, le reste de l'année? Chez Hydro-Québec, on explique qu'il s'agit d'abord d'une question de sécurité, pour protéger l'édifice, éclairer les abords et les personnes qui s'y trouvent. De plus, dans certains cas comme à la Tour de la Bourse, les activités des entreprises se poursuivent la nuit. Enfin, l'entretien se fait généralement de nuit, nécessitant évidemment de l'éclairage. À l'Université de Montréal, on explique que c'est pour une «question de symbole» qu'on laisse la tour allumée 24 heures sur 24. «C'est pour mettre en valeur l'architecture qui représente l'Université», explique la porte-parole Julie Gazaille, qui précise que cet éclairage représente 76 kilowattsheures par jour.