Dessau, leader en génie des matériaux au Québec, l'a finalement annoncé à ses employés hier matin: Frank Zampino, ancien argentier de la Ville de Montréal, devient le numéro 2 de la firme.

À titre de vice-président et chef de la direction financière de Dessau et de ses filiales, M. Zampino entrera officiellement dans ses nouvelles fonctions lundi, aux bureaux de la rue University. L'ancien bras droit du maire de Montréal sera responsable des montages financiers et du budget de l'entreprise, dont la taille a doublé en deux ans.

 

Du même coup, le comptable agréé, qui a été actif durant plus de 20 ans en politique municipale, hérite d'un siège au comité de gestion de la firme, qui relève directement du président, Jean-Pierre Sauriol. Au total, six cadres supérieurs y siègent. Zampino, qui gagnait à peine plus de 100 000$ à titre de président du comité exécutif de Montréal, gagnera un salaire annuel de 400 000$, plus primes au rendement, selon un rapport de Towers Perrin, société conseil de renom en gestion.

Katia Reyburn, directrice des communications de Dessau, a dit que Frank Zampino déclinerait toute demande d'entrevue. Elle a toutefois expliqué que la nécessité d'embaucher un gestionnaire international de sa trempe est née l'été dernier, à la suite de l'ébauche d'un plan stratégique.

«La firme est appelée à étendre ses activités à Toronto, ajoute Mme Reyburn. Nous sommes déjà présents au Chili et en Algérie, où nous collaborons à la construction de la Grande Mosquée, de même qu'en Amérique centrale.»

Pas de lobbyisme

La firme Dessau prend par ailleurs soin de mentionner que, à titre de grand argentier, Frank Zampino ne touchera pas au développement des affaires. «Il n'a de toute façon pas le droit de faire du lobbyisme», a précisé la directrice des communications, bien au fait de la loi sur le lobbyisme.

Selon cette loi, le titulaire d'une charge publique doit s'imposer une période de purgatoire de deux ans avant de pouvoir faire du lobbyisme. Interviewé par La Presse, le commissaire au lobbyisme, André C. Côté, a pris appui sur l'embauche de Frank Zampino et de l'enquête en cours sur les activités de l'ancien ministre de la Santé Philippe Couillard pour interpeller les firmes d'ingénierie et les corps publics.

«Depuis 2002, il n'y a eu aucune inscription de lobbyisme par ou au nom d'une firme auprès d'un corps public, dit M. Côté. Vous comprendrez que je suis en droit de me poser des questions. En fin de compte, je pense qu'il faut concrétiser le droit des citoyens de savoir qui influence les corps publics comme les municipalités.»

Dans le cadre du programme Réno-Système de la Société de transport de Montréal (STM), la firme Dessau a reçu pour 700 millions de dollars de contrats. Et les contrats de la deuxième phase du programme ont été attribués sans appel d'offres. Le budget d'exploitation de Dessau frisait les 150 millions en 2007, mais le nombre d'employés a doublé depuis.

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