Une manifestation dénonçant les bombardements israéliens dans la bande de Gaza a donné lieu à des prises de bec entre partisans de la Palestine et de l'État hébreu, hier, au centre-ville de Montréal. C'était l'un des dizaines de rassemblements semblables qui ont eu lieu dans le monde.

Pour Aladin Abousharbein, les images de bombardements qui défilent à la télévision sont une source d'inquiétude constante. Plusieurs membres de sa famille habitent la bande de Gaza et subissent les bombardements depuis une semaine.

 

«Ils n'ont pas de nourriture, ils sont privés de tous les biens de consommation comme l'essence, et ils sont dans une très mauvaise situation», a dénoncé ce militant pro-palestinien, venu exprimer sa colère contre les actions d'Israël.

«Plusieurs familles sont sans domicile parce que leurs maisons ont été détruites», a renchéri le Dr Abdel Afana, également d'origine palestinienne.

Contre-manifestation

Il était midi lorsque les manifestants se sont rassemblés à l'angle des rues Sainte-Catherine et McGill, armés de pancartes dénonçant les raids israéliens des sept derniers jours. Les organisateurs ont réclamé qu'Israël cesse de pilonner Gaza et permette aux organisations humanitaires d'acheminer vivres et médicaments à la population.

«On exige qu'Israël lève son blocus, qui est un acte cruel et inhumain», a soutenu Bruce Katz, du groupe Palestiniens et Juifs unis.

Même si la manifestation s'est déroulée sans heurts, la tension a grimpé lorsqu'une poignée de supporteurs de l'État hébreu se sont rassemblés de l'autre côté de la rue Sainte-Catherine. Une engueulade a éclaté lorsqu'un groupe de jeunes Juifs a traversé la rue pour échanger avec les pro-palestiniens. Et les policiers ont demandé à un manifestant de partir parce qu'il portait une pancarte accusant Israël de nazisme.

«S'ils se préoccupent réellement du sort de leurs frères palestiniens, ils devraient manifester contre le Hamas, a affirmé Avi Davidson, l'un des contre-manifestants. Si le Hamas se souciait du bien-être de la population, il ne lancerait pas de roquettes à partir de bâtiments où habitent des civils.»

Les partisans d'Israël soutiennent que le pays a l'obligation de défendre ses citoyens, qui vivent constamment sous la menace d'attentats terroristes organisés par le Hamas.

«Israël ne cible pas les civils, et tout le monde le sait, a soutenu Samuel Bibas. On montre des photos d'un bébé qui est mort. Malheureusement, ça arrive.»

»Journée de la colère»

Le rassemblement de Montréal n'avait rien d'un événement isolé. Des milliers de Palestiniens ont pris la rue à Jérusalem, en Cisjordanie et à Ramallah, tandis que les dirigeants du Hamas proclamaient une «journée de la colère».

Même si la plupart des marches se sont déroulées dans le calme, des heurts ont opposé des lanceurs de pierres palestiniens à des policiers israéliens.

Des protestataires ont dénoncé l'offensive à Gaza dans des dizaines de villes du monde. Quelque 6000 personnes ont défilé à Téhéran en scandant «Mort à Israël» et «Mort à l'Amérique». En Jordanie, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, alors que 30 000 personnes s'étaient rassemblées dans un stade de la capitale, Amman.

D'autres rassemblements ont eu lieu en Syrie, en Turquie, en Indonésie, au Soudan et en Afghanistan. À Londres, plusieurs célébrités, dont l'ancienne chanteuse des Eurythmics, Annie Lennox, la militante Bianca Jagger et l'ancien maire de Londres, Ken Livingstone, ont donné une conférence de presse pour réclamer la fin de l'offensive israélienne.

Avec l'AFP et l'AP