Deux semaines après leur disparition près de Niamey, on est toujours sans la moindre nouvelle des deux diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay, alors que le silence sur leur sort est aussi épais que le mystère.

Aucune piste, aucune trace, aucun indice matériel, si ce n'est la voiture des deux hommes retrouvée le 15 décembre sur une route à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest de Niamey dans une zone généralement sûre. Le moteur était en marche, un clignotant allumé et les portières ouvertes. A l'intérieur, trois téléphones portables, un appareil photo et un blouson.L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Niger et son assistant sont portés manquants depuis une excursion le 14 décembre dans une mine d'or exploitée par la société canadienne Semafo à Samira, à l'ouest de Niamey.

Dans un premier temps les autorités avaient expliqué que Robert Fowler n'avait pas demandé d'autorisation pour ce déplacement. Mais elles avaient rapidement perçu le dégât en termes d'image, et dès lors affirmé avoir déployé de grands moyens pour tenter de retrouver l'envoyé spécial de l'ONU et son assistant.

Mais, depuis pratiquement une semaine, c'est de nouveau le silence complet à Niamey. Personne ne veut visiblement plus parler de «l'affaire Fowler».

«C'est le genre de dossier qui doit se traiter de capitale à capitale», confie un diplomate à Niamey.

Tout au plus, un haut responsable gouvernemental nigérien qui a requis l'anonymat avait indiqué à l'AFP le 22 décembre que «l'enquête se poursuit» pour retrouver les deux hommes.

A Ottawa, on n'est pas très bavard non plus.

En début de semaine, une porte-parole du ministère des affaires étrangères, Lisa Monette, indiquait que les autorités canadiennes n'entendaient pas communiquer d'informations à la presse «sur nos relations avec les autorités du Niger» ou «de nos efforts au Niger».

Elle n'avait même pas voulu confirmer la présence à Niamey de l'ambassadrice du Canada à Abidjan (qui a compétence sur le Niger), Isabelle Massip, dans le cadre de l'enquête. Pourtant, le même jour, l'ambassade canadienne en Côte d'Ivoire avait confirmé à l'AFP le voyage de la diplomate au Niger.

Du côté de l'ONU enfin, c'est également le mutisme total depuis une semaine. Après qu'un responsable local à Niamey eut affirmé à l'AFP que M. Fowler était en mission officielle, contredisant ainsi la version des autorités, consigne a visiblement été donnée de se taire.

Le 14 décembre, les deux diplomates avaient traversé le fleuve Niger en bac pour se rendre à Samira avec leur véhicule frappé du sigle reconnaissable du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement).

C'est à leur retour qu'ils se sont volatilisés avec leur chauffeur nigérien.

Une revendication d'un groupe rebelle touareg affirmant le 16 décembre avoir enlevé les deux hommes a fait long feu. Le principal groupe rebelle, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), a pour sa part démenti toute responsabilité.

Le fait par ailleurs d'avoir retrouvé des effets personnels (téléphones portables et appareil photo) semblerait a priori exclure la piste crapuleuse.

«On n'a rien de concret, toutes les recherches sont pour l'instant vaines. Aucune des pistes allant de l'enlèvement crapuleux ou politique n'est négligée, mais à ce jour, aucune n'a été concluante», disait-on lundi dernier à Niamey de source gouvernementale.

Une «piste politique» dont, deux semaines après la disparition des deux diplomates, personne n'ose parler ouvertement.