Une belle tempête de neige à la veille du congé des Fêtes: il n'en fallait pas davantage pour compromettre les vacances de centaines de Canadiens qui s'apprêtaient à retrouver leur famille ou se payer du bon temps dans le Sud pour Noël.

Diane Lepage est repartie de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau le coeur gros, hier soir. Elle devait prendre l'avion à 9h pour rejoindre San Diego afin d'attraper un bateau de croisière en direction d'Hawaii. Ce voyage de rêve était planifié depuis longtemps et elle y tenait tellement qu'elle s'est même rendue à l'aéroport dès samedi pour tenter de faire devancer son vol et éviter qu'il ne soit annulé par la tempête. «On m'a dit que le mieux que j'avais à faire, c'était de retourner chez moi et de prier pour que les météorologues se soient trompés dans leurs prévisions», raconte-t-elle.

 

La croisière payée à l'avance lui avait coûté plus de 8000$. Ses assurances ne lui en rembourseront que 70%. «Ce n'est pas le Noël que j'avais imaginé.» À quelques pas de là, la petite Nessya, 3 ans, faisait la moue, affalée sur une montagne de valises. Il est 13h. Elle devrait être dans un avion depuis le matin avec ses parents et ses quatre frères et soeurs en direction d'une plage de Miami. Un autre rêve compromis.

La tempête a forcé l'annulation de 71 vols hier à Montréal, un nombre jugé relativement faible par la direction d'Aéroport de Montréal compte tenu de l'ampleur de la tempête. Mais à la veille de Noël, alors que les avions sont déjà pleins à craquer, le moindre retard ou annulation cause des problèmes monstres aux sociétés aériennes. «On nous a dit qu'il n'y a pas de place avant le 2 janvier pour une famille de 7. C'est inacceptable!» s'est indignée la mère de Nessya, Dolly Mann. Reporter le voyage au printemps ou à l'été était hors de question. «Mon mari et moi avons pris nos vacances, les enfants sont en relâche, c'est le seul moment de l'année où l'on peut se permettre de partir.»

La famille a finalement pu se trouver une place in extremis sur un vol en toute fin de soirée, mais plusieurs autres voyageurs n'ont pas eu cette chance. Claudia Leblanc ne voyagera plus en avion en hiver.

«Le train, c'est long, mais au moins on est sûr d'arriver à destination même en cas de tempête», a dit cette femme condamnée à passer les cinq prochains jours à Montréal, plutôt qu'auprès des siens, à Moncton.

Il est vrai que Via Rail n'a annulé aucun des voyages prévus pendant la fin de semaine, mais quelques trains à destination de Toronto ou Québec ont été retardés légèrement.

Les voyageurs qui avaient opté pour se déplacer au Canada en autobus ont aussi été assez chanceux puisque, à l'exception des trajets à destination de la côte Est américaine, seules quelques liaisons ont été annulées.