Les Québécois aiment la vitesse : près d'un conducteur sur deux ne se gêne pas pour dépasser la limite permise quand il circule en ville ou sur une route secondaire, révèle un récent sondage. Et la crainte d'être arrêté ne freine pas leurs ardeurs.

Au Québec, les conducteurs délinquants ne sont pas très inquiets à l'idée de recevoir un constat d'infraction lorsqu'ils ont le pied pesant, confirme un coup de sonde mené par la firme Léger Marketing en août dernier pour le compte de la Société d'assurance automobile du Québec, et que La Presse a obtenu. À peine un Québécois sur cinq croit que les risques d'être arrêté pour excès de vitesse sont élevés sur les routes secondaires et dans les municipalités. Des perceptions fondées sur l'expérience : ce taux correspond exactement à la proportion de conducteurs hors-la-loi qui affirment avoir été pincés au cours des deux dernières années.

Nouvelles mesures, même problème?

Ce sondage soulève des questions sur l'efficacité des nouvelles mesures plus sévères contre les conducteurs dangereux qui sont entrées en vigueur en fin de semaine.

«Ce qui importe le plus, ce n'est pas la sévérité de la sanction, mais la certitude que l'on sera sanctionné», confirme Guy Paquette, professeur de communication à l'Université Laval et spécialiste du comportement des automobilistes.

Le président de la Table québécoise sur la sécurité routière, Jean-Marie de Koninck, est du même avis. «Si on veut vraiment améliorer le bilan routier, il faut améliorer la perception du risque de se faire intercepter», assure-t-il. Et les deux affirment que la seule solution à ce problème est l'implantation généralisée des radars photo sur les routes du Québec. «Pour donner à la population le sentiment que les contrôles routiers sont plus élevés, il faudrait au moins les multiplier par quatre, idéalement par 12. On n'a pas les ressources nécessaires», dit M. Paquette.

Les Québécois affirment dans ce sondage qu'ils conduisent légèrement moins vite en moyenne dans les rues des villes qu'il y a un an : à 53,1 km/h en moyenne, contre 54,8 en 2007. Léger Marketing conclut que les publicités télévisées de la SAAQ ont porté leurs fruits. Guy Paquette est plus sceptique. «Les campagnes ont été extrêmement efficaces au sujet du port de la ceinture ou de l'alcool au volant, mais pas pour la vitesse. Le concept qu'il faut faire les choses plus rapidement est devenu trop présent dans toutes nos sphères d'activité.» Il faut travailler plus vite, se déplacer plus vite, être servi plus vite. La vitesse est devenue un gage de qualité.

Ce ralentissement pourrait plutôt être attribuable à la hausse du prix de l'essence.

Enfin, le sondage révèle que les femmes sont désormais aussi nombreuses que les hommes à se déclarer enclines à enfreindre les limites de vitesse. Sans doute parce qu'elles sont aussi de plus en plus nombreuses à occuper un emploi : les travailleurs sont les conducteurs qui ont le pied le plus lourd, toujours pressés d'arriver au bureau ou d'en sortir.

- Avec la collaboration de William Leclerc