L'économie américaine va mal. Elle risque d'aller mal pendant encore longtemps. Et si les choses ne s'améliorent, le Canada finira tôt ou tard par y goûter, lui aussi.

L'ex-président Bill Clinton n'a pas mis de lunettes roses devant les 3000 Montréalais venus l'entendre au Palais des congrès, hier après-midi. Sa conférence était organisée par Power Within, une entreprise torontoise spécialisée dans les séminaires de motivation. Le conférencier qui l'a précédé, l'acteur américain Martin Sheen, a fait rire l'auditoire avec des anecdotes familiales et des blagues légères.

 

Bill Clinton a plutôt choisi de commencer par des excuses.

«Je suis désolé, tout a commencé aux États-Unis», a-t-il lancé, faisant référence à la débâcle financière amorcée il y a deux mois sur Wall Street, qui s'est rapidement étendue à la planète entière.

Au mieux, la crise se résorbera dans un an. Au pire, elle durera pendant trois bonnes années, a estimé l'ancien président démocrate. Plus la crise sera longue, plus le Canada risque de souffrir, a-t-il averti. Surtout si General Motors devait s'effondrer, ce qui causerait une onde de choc dans toute l'industrie automobile, y compris au Canada.

Et cette perspective est peut-être plus imminente que l'on pense: selon Bill Clinton, Washington devra peut-être se lancer à la rescousse de GM avant même que le président désigné Barack Obama ne prenne officiellement ses fonctions à la Maison-Blanche, le 20 janvier prochain.

Les coffres-forts en hausse

La crise bancaire est telle, a-t-il raconté, que des milliers de compagnies dont les affaires vont pourtant bien sont incapables d'emprunter de l'argent, et sont contraintes de mettre des employés à pied. Quant à la méfiance envers le système bancaire, elle est telle que le seul bien de consommation dont les ventes progressent, ce sont les coffres-forts personnels, a-t-il dit, citant une récente confidence du grand patron de Wal Mart.

Bill Clinton s'est bien défendu d'être pessimiste et il a donné quelques conseils à la prochaine administration américaine: investir dans les infrastructures, réformer le système de santé, baisser les impôts pour encourager la consommation. Puis il a lancé un plaidoyer aux pays développés, les suppliant de ne pas prendre prétexte de la crise pour réduire leurs engagements face aux pays les pauvres de la planète.

La conférence d'hier se tenait à guichets fermés et La Presse a dû acheter un billet pour pouvoir y assister. L'ampleur de la crise économique n'était pas perceptible dans le public où l'on voyait beaucoup de vestons chic et de BlackBerry.

Les 3000 personnes présentes n'ont pas hésité à payer entre 200$ et 1000$ pour entendre Bill Clinton et les autres conférenciers. Une fonctionnaire a payé elle-même le coût de son billet, estimant que ce n'était pas trop payer pour une journée de formation.

Interviewé par l'ex-premier ministre du Nouveau-Brunswick Frank McKenna à la fin de sa conférence, Bill Clinton n'a pas voulu dire si sa femme deviendra la prochaine secrétaire d'État auprès de Barack Obama.

Dirigeant une vaste fondation qui porte son nom, Bill Clinton a d'ailleurs dû s'engager à éviter tout conflit d'intérêts qui pourrait éventuellement interférer avec le rôle de sa femme si celle-ci devait prendre les commandes de la politique étrangère des États-Unis.

L'annonce de la nomination d'Hillary Clinton à ce poste stratégique paraît imminente. Le cas échéant, Bill Clinton pourrait prendre sa relève au Sénat.