Johanne Durocher tire encore le signal d'alarme. Si rien n'est fait d'ici ce soir, sa fille Nathalie Morin sera forcée d'accoucher de son troisième enfant en Arabie Saoudite, où elle vit séquestrée par son mari. Elle demande au gouvernement fédéral d'intervenir d'urgence afin que la jeune femme de 24 ans puisse revenir au Canada. Jusqu'à maintenant, ses appels sont restés lettre morte.

Cela fait plusieurs mois que Mme Durocher fait croisade pour rapatrier sa fille. Le conjoint de cette dernière, Saeed Al-Shahrani, refuse toujours de lui donner les autorisations écrites lui permettant de quitter le pays avec les enfants.Mais l'affaire est devenue pressante. D'après des informations obtenues jeudi, l'accouchement de Nathalie Morin serait provoqué dès aujourd'hui, contre son gré, un mois avant la date prévue. La mère de la jeune femme croit que cet accouchement a été précipité à la demande du conjoint, afin de garder le nouveau-né en Arabie Saoudite.

«Je lui ai parlé ce matin. Et elle n'allait pas bien du tout, a dit Mme Durocher, hier en conférence de presse. Pour la première fois, elle m'a parlé de suicide...»

Soutenant Johanne Durocher dans ses démarches, la députée bloquiste de la Pointe-de-l'Île, Francine Lalonde, affirme que le gouvernement canadien «n'a pas tout tenté» pour sortir Nathalie Morin d'Arabie Saoudite. Elle cite, à titre de comparaison, des ententes prises en 2002 entre les gouvernements saoudien et américain, selon lesquelles toute femme américaine serait libre de quitter l'Arabie Saoudite.

«Ce document nous informe que l'ambassade américaine offre l'asile à ses ressortissantes et leurs enfants quand ceux-ci sont en danger, et qu'ils les hébergent aussi longtemps que durent les négociations avec les autorités saoudiennes pour leur libération. Qu'attend notre ambassade pour faire de même avec Nathalie et ses enfants?» a questionné Mme Lalonde.

Le ministère canadien des Affaires étrangères a répondu hier, par communiqué, que les autorités consulaires en Arabie Saoudite et à Ottawa avaient fourni de l'aide à Mme Morin à plusieurs reprises depuis 2003. Mais il semble que le cas devra d'abord se régler devant les autorités saoudiennes. «L'Arabie Saoudite est un pays souverain et toute entente entre Nathalie Morin et son conjoint devront être cohérents (sic) avec les lois et règlements saoudiens», souligne le communiqué. On ajoute que toute l'aide consulaire sera fournie lorsque la jeune femme «aura conclu une entente avec son conjoint sur la garde de leurs enfants».

Johanne Durocher garde cependant espoir. Elle possède des papiers officiels prouvant que sa fille n'était pas officiellement mariée avec Saeed Al-Shahrani, ce qui l'autoriserait à quitter le royaume wahhabite sans avoir besoin son autorisation. «Plus rien ne la retient là-bas», lance Mme Durocher.