Nouvel épisode dans le conflit opposant le Canadien Pacifique et la Ville de Montréal concernant des passages à niveau réclamés depuis des années par la Ville : le CP s'est offert une pleine page de publicité dans les journaux montréalais, hier, pour répondre aux critiques.

Le CP reproche à la Ville de demander la construction de passages à niveau « dangereux ». La compagnie ferroviaire affirme être « déterminée à collaborer avec la Ville » et propose plutôt la construction de nouveaux passages « dénivelés ».

Or, la Ville de Montréal persiste et signe :  la construction de passages à niveau sans dénivellation est la meilleure option « pour des raisons d'accessibilité universelle pour les personnes à mobilité réduite et les cyclistes, ainsi que d'entretien lors de la saison hivernale », explique la chargée de communication Marie-Ève Courchesne.

Dans ce message publicitaire, le président et chef de la direction du CP, Keith Creel, accuse les médias montréalais d'avoir montré « un seul côté de la médaille », voire d'avoir rapporté les événements de « manière trompeuse, et souvent de manière incendiaire ».

Or, ce message ne fait que jeter de l'huile sur le feu, affirme la mairesse suppléante de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Christine Gosselin. « Le CP fait preuve d'entêtement et d'un manque de sensibilité pour le développement de Montréal », dit l'élue montréalaise.

Aux yeux du CP, les passages dénivelés - des passerelles pour piétons en l'occurrence - représentent une meilleure solution, car ils ne « compromettraient pas la sécurité du public et n'auraient pas de répercussions sur les activités des marchands locaux et, de manière plus générale, sur l'économie canadienne ».

Trudeau invité à intervenir

Plus tôt cet été, le maire du Plateau-Mont-Royal Luc Ferrandez et de grandes entreprises installées dans le quartier du Mile End - Ubisoft, Allied, Framestore et Financière Sun Life - ont écrit au premier ministre Justin Trudeau pour dénoncer le refus du CP de faciliter la circulation entre certains quartiers. Dans leur lettre, aussi publiée dans plusieurs médias, ils ont alors demandé au premier ministre du Canada de trouver « une solution politique ».

Depuis une dizaine d'années, la Ville de Montréal, des citoyens et des entreprises du quartier réclament un passage à niveau dans l'axe de l'avenue Henri-Julien, entre les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont-La Petite-Patrie, pour faciliter la traversée des cyclistes et des piétons.

L'absence d'un tel aménagement est « un non-sens tant pour le développement économique que pour la mobilité de la main-d'oeuvre et des résidants », ont écrit au premier ministre du Canada le maire du Plateau et les PDG des grandes entreprises installées dans le Mile End.

Des «risques accrus», dit le CP

Selon une évaluation des risques effectuée par le CP, les passages à niveau proposés par la Ville feraient croître le nombre d'intrusions sur les voies et exposeraient les piétons et les cyclistes à « des risques accrus de collision avec un train », insiste pour sa part le président du CP, Keith Creel.

La Ville réplique avoir essuyé un refus du CP lorsqu'elle a demandé à obtenir une copie de cette évaluation des risques. À la fin de 2016, Montréal a demandé à l'Office des transports du Canada de trancher le litige. La Ville est toujours en attente d'une réponse. Le CP a refusé d'accorder une entrevue à La Presse sur la question, arguant que son président n'avait rien de plus à dire que ce qu'il avait déjà écrit dans sa lettre.