La facture du projet pour la désinfection des eaux usées de Montréal monte en flèche. La métropole vient d'accepter de doubler la somme accordée aux ingénieurs et architectes pour la construction de sa future usine d'ozonation, la note passant de 12 à 24 millions.

La Ville de Montréal cherche depuis 20 ans une solution pour mieux désinfecter les eaux usées sortant de sa station d'épuration Jean-R.-Marcotte et qui aboutissent dans le fleuve. Après plus de 10 ans d'études, il a finalement été décidé en 2008 d'opter pour l'ozonation, une technique qui permet d'éliminer pratiquement toutes les bactéries.

En octobre 2014, la Ville de Montréal accordait un contrat de 12 millions à la firme de génie SNC-Lavalin et au cabinet Réal Paul Architecte pour la gestion de ce vaste chantier, de la conception des plans à la surveillance des travaux. Mais alors que la construction n'a pas encore débuté, les ingénieurs et architectes ont déjà pratiquement épuisé les 105 000 heures de travail prévues à leur contrat.

L'administration Coderre a donc accepté hier de doubler la valeur de leur contrat afin de mener à bien le projet. Les 12 millions ainsi accordés en «dépense additionnelle» permettront d'achever les plans et devis pour l'appel d'offres pour la construction de l'unité d'ozonation ainsi que de l'unité de production d'oxygène. Ils serviront aussi à la surveillance des travaux et au contrôle de qualité.

«C'est majeur. Ce qui est troublant en voyant ce contrat passer de 12 à 24 millions, c'est qu'on n'est plus dans une fourchette de plus ou moins 30%. On est dans du 100%», dit Sylvain Ouellet, conseiller de Projet Montréal.

Pour justifier cette forte augmentation du contrat, la Ville de Montréal explique que l'estimation à 12 millions avait été établie en fonction d'une évaluation du projet faite en 2013, à 256 millions. Depuis, l'estimation du coût du projet a été révisée à la hausse à 375 millions.

Montréal affirme, après vérification auprès du ministère des Affaires municipales, que rien n'empêchait de poursuivre ce mandat malgré une telle augmentation des coûts.

Sylvain Ouellet y voit un signe inquiétant dans la gestion des projets majeurs. «Est-ce que les firmes de génie à l'externe contrôlent la Ville ou est-ce un manque d'expertise qui fait qu'on n'est pas en mesure de bien contrôler le coût des projets?», s'interroge le conseiller de Projet Montréal.

Nouveau chantier majeur

Ce dépassement est d'autant plus inquiétant pour l'opposition qu'il survient alors que Montréal se lance dans un autre projet majeur au Service de l'eau. En effet, la Ville a annoncé hier entreprendre la réfection du réservoir McTavish, construit entre 1928 et 1949 à même le mont Royal et qui alimente en eau potable 1,2 million de Montréalais. Ce chantier devrait s'étendre sur neuf ans et coûter 182 millions, selon les estimations actuelles.

«Mais il y a des dépassements dans quasiment tous les projets majeurs, s'indigne Sylvain Ouellet. Soit il y a sous-estimation des coûts pour faire passer les projets, soit on les évalue mal.»