La cohue habituelle des soirs de feu d'artifice, combinée aux nombreuses fermetures de rues et de l'autoroute 720 ouest pour la Formule E, a encore une fois paralysé une partie du centre-ville de Montréal, tard en soirée samedi. Durant la journée, la circulation avait été fluide, toutefois. Le message exhortant les automobilistes à éviter le secteur a visiblement passé... un peu trop bien, même, aux yeux de certains commerçants. Bilan du jour 1 dans le quadrilatère névralgique de la Formule E.

Il fallait s'armer de patience pour sortir du secteur du Vieux-Montréal, hier soir. Non pas à cause de la foule attirée par la Formule E, qui s'est très rapidement dispersée après l'événement en fin d'après-midi, mais plutôt en raison des multiples entraves.

« Depuis la fin de semaine dernière et jusqu'à maintenant,  c'est terrible, le trafic », dit Jean, un chauffeur de taxi interpellé au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Ontario, vers 23 h.

Un de ses collègues a raconté qu'il avait perdu de nombreux clients qui préféraient marcher ou descendaient carrément de la voiture, tant la circulation se faisait au compte-gouttes.

« Des soirées comme ça, avec autant de trafic, c'est payant », a pour sa part lancé, en toute honnêteté, un autre chauffeur lui aussi prénommé Jean. Un autre encore, M. Deshommes, n'était pas du même avis : « Avec le métro et les BIXI gratuits, on est vides et on gaspille de l'essence. »

Urgences sur l'A720

Parmi les nombreuses fermetures de rue, l'une des plus importantes est certainement celle d'un tronçon de l'autoroute 720 en direction ouest, fermé jusqu'à 5 h demain matin. L'autoroute est temporairement inaccessible aux usagers de la route entre l'avenue De Lorimier et la rue Guy pour des raisons de sécurité. C'est la voie qu'empruntent tous les véhicules d'urgence, tant pour accéder au site de la course, au périmètre enclavé, que pour éviter la congestion provoquée par l'événement.

Métro gratuit, usagers nombreux

À certains moments de la journée, notamment sur la ligne orange, le métro a pris des allures d'heure de pointe du lundi matin. Visiblement, les services de la Société de transport de Montréal (STM) offerts gratuitement tout le week-end ont trouvé preneur.

« C'est très difficile pour nous d'évaluer la foule qui a utilisé nos services, puisque les tourniquets étaient ouverts au métro et que les boîtes de perception des autobus ne comptabilisaient pas non plus les entrées. Mais on sait qu'on a pu répondre sans problème à la demande », a expliqué Isabelle-Alice Tremblay, porte-parole de la STM, en fin de journée.

En juillet, durant la fin de semaine, la moyenne est de 1,1 million de déplacements sur le réseau de la STM.

Sainte-Catherine au ralenti

En soirée, la rue Sainte-Catherine était bondée dans le Village. Au point que le restaurant Agrikol, situé rue Amherst entre le boulevard De Maisonneuve et la rue Ontario, a noté une hausse de sa clientèle. L'attente pour une table approchait les deux heures au plus fort de la soirée. « Avec tous les événements dans le secteur, on voit une différence positive », a affirmé l'hôtesse du populaire restaurant haïtien.

Mais le départ a été lent, rue Sainte-Catherine, hier, faisant craindre une journée catastrophique à certains commerçants du secteur, malgré un temps exceptionnel au rendez-vous.

« Généralement, il y a plus de gens le samedi pour le dîner », soulignait Éliane Caiduk-Tétreault, hôtesse au bistro-bar Le Saloon. Même dans la rue, il y a moins  de monde que samedi passé  à la même heure. »

Même son de cloche au bistro-pub voisin Le Branché. Les serveuses s'attendaient à recevoir un grand nombre de clients sur la terrasse, qui était plutôt inoccupée en mi-journée.

À un coin de rue de là, le Toro Rosso était complètement vide, hier après-midi. Le restaurant avait exceptionnellement ouvert ses portes pour le dîner à l'occasion de la Formule E. « Le propriétaire a pris [cette] décision [vendredi] [...], mais à midi, [hier], il n'y avait encore personne », se désolait le serveur Nicolas Boulanger-Gagné.

Week-end difficile rue Ontario

Rue Ontario, où tout stationnement est interdit depuis jeudi entre la rue Berri et l'avenue Papineau, les trottoirs étaient déserts, alors que peu de véhicules circulaient dans le secteur, tant en après-midi qu'à l'heure du souper.

« Ce matin, il n'y avait personne dans la rue. On a eu trois clients entre 10 h et midi, mais d'habitude, on n'a même pas le temps de prendre de pause à trois employés », a raconté Élie Ferland, employé de la boutique Aux Quatre Points Cardinaux. 

« Beaucoup de clients viennent de l'extérieur de Montréal, mais comme il n'y a plus de stationnement dans le quartier, ils ne se déplacent pas. »

Le copropriétaire du bar voisin Le Cheval blanc n'impute pas cette baisse qu'à la Formule E. « C'est les vacances de la construction. Il y a des journées où il y a moins de monde, d'autres où il y en a un peu plus », a plutôt avancé François Martel.

Il déplore toutefois la façon « cavalière » dont la Ville de Montréal a informés les commerçants qu'ils devaient démanteler leur terrasse.

« On a reçu une lettre d'un huissier il y a trois semaines, mais on nous disait juste que c'était pour des raisons de sécurité. » Il a pu conserver la partie de sa terrasse qui ne dépassait pas du trottoir, et ainsi y accueillir 17 personnes, plutôt que 50. Le défi sera de reconstruire sa terrasse la semaine prochaine ; il a été forcé de la scier en deux pour libérer la rue le temps que se déroule la Formule E.