Le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET) va tenter de limiter à seulement deux ans les entraves majeures à la circulation automobile lors du grand chantier de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, prévu à compter de 2019.

Au cours d'une séance de breffage, hier, des hauts fonctionnaires du MTMDET et de la Société québécoise des infrastructures (SQI), responsables du projet, ont affirmé que le travail est en cours depuis déjà un an pour concevoir des mesures de mitigation devant permettre d'éviter les embouteillages monstres aux entrées de ce tunnel qui est emprunté chaque jour par plus de 120 000 véhicules, entre la Rive-Sud et Montréal.

La Presse a révélé la semaine dernière que ce grand chantier de quatre ans, estimé à 1 milliard, devrait se mettre en branle en 2019, quand les travaux de construction seront terminés dans le corridor du pont Champlain (incluant l'élargissement de l'autoroute 15, à Montréal). La Presse a révélé également que le MTMDET envisage d'élargir l'autoroute 20 en direction de Montréal pour permettre l'aménagement d'un « service de transport collectif performant » dans l'axe des autoroutes 20 et 25 afin de soulager la congestion importante qui risque de résulter de ces travaux.

QU'EST-CE QU'ON RÉPARE ?

Inauguré il y a 50 ans, cette année, le tunnel La Fontaine est en relativement bon état. Le Ministère souhaite toutefois prolonger sa vie utile d'au moins 40 ans. Pour ce faire, les murs et la voûte de cette infrastructure stratégique pour toute la région de Montréal seront réparés. La chape de béton qui entoure la structure sera reconstruite. Le revêtement des murs sera refait, l'éclairage sera entièrement repensé et la ventilation sera modernisée. Enfin, la chaussée de béton de l'autoroute 25 sera entièrement reconstruite sur une distance d'environ 3 kilomètres entre l'île Charron, sur la Rive-Sud, et la rue Sherbrooke, du côté de Montréal.

Le MTMDET prévoit de plus augmenter la résistance du tunnel à un « incendie de grande puissance » dont la température atteindrait 1200 degrés Celsius, et qui ferait rage pendant deux heures. Selon la sous-ministre responsable des grands projets au Ministère, Marie-France Bédard, le tunnel a été le théâtre de 13 incendies depuis son ouverture en 1967, dont le dernier date d'août 2015.

MESURES DE MITIGATION

Ces travaux auront évidemment des impacts majeurs sur la circulation entre la Rive-Sud et Montréal. Le tunnel La Fontaine, qui compte trois voies par direction, fonctionne déjà à pleine capacité au moins 10 heures par jour, et les files d'attente pour y accéder s'étirent régulièrement sur des kilomètres, dans les deux directions, même en dehors des périodes de pointe.

La semaine dernière, La Presse a fait état d'un projet d'élargissement de l'autoroute 20, entre la rivière Richelieu et la route 132, qui permettrait d'aménager une voie réservée aux autobus sur la Rive-Sud en direction du tunnel. Trois stationnements incitatifs existants seraient agrandis et un quatrième serait créé à l'intersection de l'autoroute et du boulevard Montarville, à Boucherville, selon un appel d'offres public diffusé au début du mois.

Les responsables du MTMDET et de la SQI n'ont pas voulu confirmer l'implantation de ces mesures, hier. 

Ils ont toutefois insisté sur le fait que le tunnel ne sera jamais complètement fermé en périodes de pointe, et qu'au moins deux voies de circulation sur trois seraient disponibles pendant les heures de grande affluence.

Le directeur des projets de tunnel et d'autoroutes pour le MTMDET, Alexandre Debs, a pour sa part affirmé que les entraves à la circulation les plus importantes s'étaleront sur seulement deux des quatre années du chantier.

Les mesures de mitigation au chantier du tunnel ne seront connues qu'au moment de l'adoption du projet définitif par le conseil des ministres, prévue pour l'an prochain.

PAS DE PÉAGE

Le chantier du tunnel La Fontaine sera réalisé en mode « alternatif », mais il ne s'agira pas d'un partenariat public-privé (PPP), et il n'est absolument pas question qu'on y instaure un péage, après les travaux. Le Ministère a opté plutôt pour une formule dite « conception-construction-financement » qui obligera l'entrepreneur à financer les travaux, à mesure de leur avancement, en échange de paiements à certaines étapes prédéterminées du projet. 

Il n'y aura qu'un seul contrat, à prix fixe, pour la préparation des plans et devis, la réalisation des travaux et le financement à court terme du chantier.

« Ce mode de réalisation, a affirmé Natalie Mills, directrice juridique adjointe à la SQI, ajoute de la rigueur au suivi du projet de la part du prêteur. Celui-ci sera extrêmement exigeant par rapport à la qualité des travaux et au respect de l'échéancier et des coûts », en raison des pénalités qui pourraient être imposées à son débiteur, responsable des travaux.

Un sondage de marché, réalisé au cours de l'hiver, a permis par ailleurs d'établir qu'il « y a suffisamment de grandes entreprises intéressées [à ce contrat] pour assurer une saine compétition », malgré les conditions imposées par le Ministère et la SQI.

COÛTS ET ÉCHÉANCIERS

Les fonctionnaires responsables du projet n'ont pas voulu confirmer le coût estimé des travaux à 1 milliard révélé par La Presse la semaine dernière. Cette somme avait été évoquée publiquement par le ministre des Transports lui-même, Laurent Lessard, le mois dernier, en commission parlementaire.

Le Ministère prévoit lancer un appel de qualification à l'automne, au terme duquel trois entreprises seront invitées à soumettre leurs propositions. Le contrat sera attribué au cours de l'année 2018.