Alors que les plaintes de citoyens s'accumulent sur la gestion des travaux routiers, la Ville de Montréal met à l'index un important entrepreneur en raison des retards sur ses chantiers. La métropole vient d'inscrire le Groupe TNT sur la liste des firmes à rendement insatisfaisant et risque ainsi de la priver de tout contrat pour deux ans.

L'entreprise de Laval a remporté en 2016 deux contrats, d'une valeur totale de 9,4 millions, pour refaire l'asphaltage de 36 rues de quatre arrondissements montréalais. À la suite de ces travaux, qui se sont étendus de juillet à novembre, la Ville de Montréal a envoyé à l'entrepreneur un rapport de rendement insatisfaisant.

Depuis 2015, la métropole évalue en effet les entrepreneurs réalisant des travaux de plus de 100 000 $ sur son territoire. Alors que la note de passage a été fixée à 70 %, le Groupe TNT n'a réussi à obtenir que 54 % et 57 % à la suite de deux évaluations pour ses travaux de 2016.

L'entrepreneur a été invité à fournir des explications, mais celles-ci n'ont pas convaincu la Ville, qui a ainsi décidé de l'inscrire sur sa liste des firmes au rendement insatisfaisant. C'est seulement la deuxième fois que la métropole procède ainsi à la mise à l'index d'une entreprise en raison de son travail.

« On donne un signal à toute l'industrie qu'on veut s'assurer d'avoir un rendement satisfaisant. Le temps où on laissait passer des choses est passé », a indiqué Lionel Perez, élue responsable des infrastructures au sein de l'administration Coderre.

En inscrivant l'entreprise à cette liste, Montréal pourra ainsi refuser d'accorder au Groupe TNT tout contrat pour les deux prochaines années. Elle pourrait aussi annuler des contrats en cours, ce qui n'est pas envisager pour le moment, précise M. Perez. « Il y a d'autres chantiers où Groupe TNT travaille et on est très satisfait. Ça les met dans une sorte de période de probation. »

Cette entreprise est un important fournisseur de la ville. Selon les documents de Montréal, l'entreprise a décroché quelque 88 millions en contrats depuis le début de 2016.

LES ÉCHÉANCIERS EN CAUSE

La Ville précise que ce n'est pas la qualité des travaux exécutés qui est en cause, mais plutôt le respect des échéanciers, les retards de réalisation et des problèmes de coordination avec ses sous-traitants. « La gestion des sous-traitants a été déficiente, de nombreuses problématiques au niveau de la signalisation ont été relevées et malgré de nombreuses rencontres et un avis de redressement pour chacun des contrats, aucune amélioration n'a été observée », écrit la Ville. Un des contrats a été terminé avec 35 jours de retard, tandis que l'autre a accusé 20 jours de retard.

L'entreprise, qui emploie 3000 personnes, s'est dite déçue de la décision de Montréal. « Les causes fortuites de ces dépassements inhabituels ont été expliquées et il était permis de croire que la Ville réviserait sa position suite à ces explications », dit Stéphane Gauthier, président de Groupe TNT. L'entrepreneur dit maintenant travailler à mieux répondre aux attentes de la métropole dans ses autres chantiers en cours.

Cette décision de punir une entreprise survient alors que la Ville de Montréal vient de rendre public un sondage démontrant l'insatisfaction croissante des Montréalais face à l'entretien du réseau routier. La firme Léger a mesuré que 51 % des citoyens de la métropole jugeaient inacceptables les retards dans la réalisation des travaux. Les résultats démontrent d'ailleurs que les arrondissements où Groupe TNT a travaillé en 2016 figurent parmi ceux où l'insatisfaction est la plus élevée. Elle est particulièrement marquée dans le Plateau (73 %), Rosemont (60 %) et Hochelaga (59 %).