Le cas d'un immeuble de taudis dans Côte-des-Neiges que nous avons décrit dans notre numéro d'hier est « difficile à accepter » pour le maire de l'arrondissement et responsable de l'habitation au comité exécutif, Russell Copeman.

« Pour moi, le plus difficile à accepter, ce sont les inspections faites en 2015 et où, semble-t-il, tous les avis de non-conformité avaient été réglés. Quand je vois des photos récentes un an plus tard, il m'apparaît impossible que tous les avis de non-conformité aient été corrigés de façon correcte », a reconnu M. Copeman.

Le 3360, rue Goyer est un immeuble de 30 logements que La Presse a visité la semaine dernière à l'invitation de l'Organisation d'éducation et d'information logement de Côte-des-Neiges (OEIL). L'immeuble avait fait partie pendant trois ans du programme d'inspection préventive de l'arrondissement. En 2015, le dossier a été fermé puisque le propriétaire avait, selon les inspecteurs, réalisé tous les travaux nécessaires.

Dix huit mois plus tard, l'immeuble est dans un état d'insalubrité presque indescriptible. La structure est criblée de moisissures, à tel point que les planchers s'enfoncent parfois sous le poids d'une personne. Le chauffage y est presque inexistant. Certains locataires n'ont pas eu accès à une toilette fonctionnelle pendant des mois.

CLIENTÈLE VULNÉRABLE

Malgré les récentes recommandations de la Direction de santé publique, qui estimait que l'immeuble au complet devait être vidé, seuls deux locataires sur les 19 que compte l'immeuble ont été évacués.

Russell Copeman indique qu'à son arrivée, il a donné des instructions claires aux inspecteurs de son arrondissement : « Je souhaitais que nos inspecteurs soient vigoureux et rigoureux ». Après avoir fait état du cas du 3360 Goyer, nous avons demandé à M. Copeman : le sont-ils vraiment ?

« Ils [les inspecteurs] le sont dans la mesure de leurs moyens. Mais il y a encore du travail à faire. Il y a une notion d'urgence qui manque parfois chez les inspecteurs. »

« Mais je vous garantis une chose : depuis les derniers signalements [en novembre], on est très actifs dans le dossier », a dit Russell Copeman, maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges.

« Deux avis d'évacuation ont été émis. Vous savez, ce n'est pas facile d'évacuer un immeuble comme celui-là. C'est une clientèle très vulnérable. On prend l'engagement moral de replacer ces gens dans un endroit salubre, alors ça n'est pas évident. »

Le nouveau propriétaire du 3360, rue Goyer, Nicolo Piazza, qui a acheté l'immeuble pour 1,3 million en janvier dernier, a 90 jours pour se conformer aux avis de conformité déjà délivrés. « S'il ne le fait pas, il y aura des conséquences », prévient Russell Copeman.

Pour sa part, le maire Denis Coderre a indiqué que ce cas n'était pas acceptable. « C'est pour ça qu'avec le statut de métropole, on va aller chercher de nouveaux pouvoirs pour lutter contre l'insalubrité. » Lors de la dernière campagne, M. Coderre avait promis de faire de la lutte contre l'insalubrité une priorité de son administration.

Photo André Pichette, La Presse

Russell Copeman, maire d'arrondissement de Côte-des-Neiges et responsable de l'habitation au comité exécutif, considère que « inacceptable » l'état de l'immeuble situé au 3360, rue Goyer. « Vous savez, ce n'est pas facile d'évacuer un immeuble comme celui-là, dit-il. C'est une clientèle très vulnérable. On prend l'engagement moral de replacer ces gens dans un endroit salubre, alors ça n'est pas évident. »