Le ministère des Transports du Québec (MTQ) envisage d'effectuer en partenariat public-privé (PPP) les travaux de réfection majeurs du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et n'exclut pas de recourir au péage. Ce chantier de plusieurs centaines de millions de dollars, qui pourrait rendre le tunnel « relativement inaccessible » pendant plusieurs années, débutera au plus tôt en 2019, soit après l'inauguration du nouveau pont Champlain.

Le MTQ a publié lundi un avis d'appel d'intérêt destiné aux entreprises de génie-conseil, aux entrepreneurs généraux et aux investisseurs. Ceux-ci sont invités à participer à un sondage de marché « d'envergure internationale » pour « vérifier l'intérêt du secteur privé » pour trois modes de réalisation du projet de réfection du tunnel : le mode traditionnel, le mode « conception-construction avec ou sans financement » et le mode « conception-construction-entretien-financement » (CCEF).

En mode traditionnel, le Ministère est le maître d'oeuvre du projet, alors que dans le mode conception-construction, il délègue à une entreprise la préparation des plans et devis et la réalisation des travaux. Le projet Turcot est un bon exemple de ce dernier mode.

Malgré son nom complexe, le mode « conception-construction-entretien-financement » est bien un PPP, confirme le MTQ. « Le partenaire assure lui-même le financement du projet, il le conçoit, il construit l'infrastructure et s'occupe de son entretien et de son exploitation pendant un nombre d'années déterminé », explique Nomba Danielle, porte-parole du MTQ.

Dans les dernières années, le MTQ a construit deux structures routières neuves en PPP, soit le pont de l'autoroute 25 entre Montréal et Laval et le prolongement de l'autoroute 30, deux infrastructures munies d'un péage. Est-ce que ça signifie que le MTQ ouvre la porte à un éventuel péage au tunnel ?

La porte-parole refuse toutefois d'exclure l'imposition d'un péage pour le tunnel. « La réponse à cette question dépendra du mode de réalisation qui sera finalement retenu. Le péage en tant que tel n'est pas sur la table. Ce sont les options qui sont sur la table. Maintenant, est-ce que l'option retenue finalement amènera la question du péage sur la table ? On le saura le moment venu. »

Outre les modes de réalisation, les entreprises qui répondront à ce sondage de marché seront appelées à se prononcer sur « la structure commerciale, l'allocation des risques et des responsabilités ainsi que les modalités de rémunération ». Aussi, les répondants évalueront la « concurrence que susciterait le projet s'il est réalisé selon l'un ou l'autre des modes de réalisation ». Au total, un échantillon de 20 à 25 entreprises sera ciblé par le MTQ.

LE TUNNEL REFAIT « DE FOND EN COMBLE »

Ce projet de réfection majeur faisait partie des projets à l'étude dans le Plan québécois des infrastructures 2016-2026 publié en mars dernier. Aucun échéancier ni aucun coût n'ont encore été annoncés publiquement par le Ministère. Or, la durée des travaux de construction était évaluée à « quatre années consécutives » dans l'appel d'offres du MTQ pour l'avant-projet préliminaire octroyé en juillet 2014 à SNC-Lavalin pour 6 millions de dollars. 

Une chose est sûre : ce chantier ne commencera pas tant que le nouveau pont Champlain ne sera pas livré en décembre 2018.

Plus de 130 000 automobilistes et camionneurs empruntent chaque jour le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le plus long tunnel sous-marin au pays. Construit en 1967, le tunnel trahit maintenant son âge. Presque tout est à refaire. « Il faut remplacer la chape de béton, il faut refaire les murs et les plafonds. Il faut poser un revêtement de protection pour la structure. On le retouche de fond en comble. Ce sont des travaux qui visent à assurer la pérennité du pont-tunnel », explique la porte-parole du MTQ.