Les cols blancs de Montréal seront privés de congé d'ici la fin de leur grève tournante, le 1er mars. Cette décision de la Ville de Montréal a grandement ulcéré le Syndicat des fonctionnaires municipaux qui a décidé de contester devant le Tribunal administratif du travail.

Les cadres de Montréal ont reçu la fin de semaine dernière un message de l'administration municipale leur indiquant qu'ils devaient refuser toute demande de congé depuis la réception du préavis de grève des cols blancs, le 22 décembre. La Ville ayant tardé à transmettre cette directive à ses cadres, elle a décidé d'appliquer l'interdiction des congés à partir du 22 janvier. Les congés autorisés avant cette date pourront ainsi être maintenus.

La décision de refuser tout nouveau congé durant cette période a néanmoins grandement indisposé les cols blancs, plusieurs ayant été pris de court. Certains risquent ainsi de ne pas pouvoir s'absenter du travail pendant la semaine de relâche scolaire, dont une partie coïncide avec la grève. D'autres craignent des mesures disciplinaires ou de perdre une journée de salaire s'ils doivent s'absenter parce qu'un de leurs enfants tombe malade.

Cette décision risque ainsi de mettre le feu aux poudres, à lire certains messages obtenus par La Presse. «On nous compare toujours avec les cols bleus en disant qu'on est moins combatifs, mais là, c'est l'occasion de démontrer que nous ne sommes ni caves ni faibles», a écrit un représentant syndical à ses collègues.

Le Syndicat confirme être présent aujourd'hui devant le Tribunal administratif du travail, qui remplace depuis le 1er janvier la Commission des relations de travail, afin de tenter de faire infirmer cette décision.

La Ville de Montréal estime être justifiée d'agir ainsi en raison de la grève tournante qui s'étend du 25 janvier au 1er mars. La métropole estime que ce débrayage suspend ses obligations prévues aux conditions de travail de ses employés.

Les 8000 cols blancs de Montréal sont sans contrat de travail depuis la fin de 2011. Ils ont entrepris lundi une grève tournante de 37 jours qui doit culminer le 1er mars. Cette dernière journée de grève n'a pas été choisie au hasard puisqu'il s'agit de la date limite pour le paiement des taxes municipales.

Projet Montréal dénonceL'opposition à l'hôtel de ville a dénoncé le refus des congés. «C'est une grève légale. Les cols blancs n'ont pas de convention depuis plusieurs années et la Ville a l'obligation de négocier de bonne foi. Refuser les congés, ça ressemble à une tentative de se venger, de pénaliser les syndiqués. Ça n'aidera pas les relations de travail qui sont déjà mauvaises depuis l'arrivée de Denis Coderre», a déploré le conseiller Craig Sauvé, de Projet Montréal.