Dilemme: la fluidité de la circulation et la santé des commerces ont-elles préséance sur le sommeil des Montréalais? C'est le choix déchirant auquel la Ville de Montréal dit avoir été confrontée pour un chantier dans une artère commerciale au coeur d'un secteur résidentiel. La métropole a finalement décidé de mener de bruyants travaux de nuit.

Montréal termine le chantier de la rue Rachel sur un tronçon de 1,2 km. À l'origine, cette portion des travaux devait avoir lieu cet été, soit de la mi-juin à la mi-août. Un avis envoyé aux résidants affirmait que les travaux se dérouleraient de 7h à 21h, avec possibilité de travaux le samedi.

Le chantier a finalement été retardé de deux mois, si bien que les travaux n'ont débuté qu'à la mi-août. Un nouvel avis envoyé aux résidants les a informés que les travaux se dérouleraient comme prévu entre 7h et 21h, mais que «certaines opérations pourraient demander la tenue de travaux durant la nuit».

Et c'est précisément ce qui se déroule actuellement. Le 16 octobre, les résidants ont reçu un nouvel avis les informant que les «travaux de planage et de pavage auront lieu de nuit». Cette décision a toutefois entraîné plusieurs plaintes de résidants du secteur en raison du bruit provoqué par la machinerie lourde.

«J'ai l'impression que ça fait un an que la rue est en travaux. Je ne comprends pas l'urgence de faire ça durant la nuit», a déploré une résidante.

La Ville de Montréal dit avoir été prise dans un dilemme. «Faire le pavage de jour aurait entraîné la fermeture complète de Rachel dans ce secteur, causant des problèmes de circulation considérables sur une rue fort empruntée en heure de pointe. De plus, cela aurait nuit aux restaurateurs et commerçants de la rue Rachel. Pour ces raisons, l'option des travaux de nuit a été retenue. C'est un désagrément pour les citoyens et nous en convenons. Des deux options, les effets étaient moindres en effectuant les travaux de nuit», a expliqué Philippe Sabourin, porte-parole de Montréal.

Ferrandez compréhensif

Déplorant la durée du chantier de la rue Rachel, qui s'éternise depuis trois ans en incluant les autres étapes, le maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, comprend néanmoins le choix de la ville centre, qui gère ces travaux. «C'est un chantier qui a été beaucoup, beaucoup, beaucoup plus long que prévu. Il n'y a eu aucune coordination entre la Commission des Services électriques et la direction des travaux publics, si bien que le chantier, au lieu de durer un an, a duré trois ans. Je peux comprendre qu'à la fin, ils se sont dit: "OK, comment on fait pour faire chier le moins possible les commerçants". Et ils en sont venus à la conclusion des travaux de nuit, et je pense que c'est une bonne idée, mais je me désole avec les résidants de cet état de fait.»

Selon le plus récent échéancier, le chantier, qui devait prendre fin cet été, devrait finalement être terminé le 13 novembre.

- Avec la collaboration de Daphné Cameron