Fierté Montréal aura une touche ukrainienne cette année.

Les organisateurs de cet événement de soutien et de promotion des communautés lesbienne, gaie, bisexuelle et transgenre, dont le coup d'envoi officiel sera donné lundi, ont, en effet, choisi de confier à la directrice de la marche pour l'égalité KyivPride, Anna Sharyhina, à la fonction de coprésidente d'honneur.

Le président de Fierté Montréal, Éric Pineault, la qualifie de «petit bout de femme vraiment engagée» et même d'«héroïne».

M. Pineault raconte s'être rendu en Ukraine au début juin. À ce moment, il a assisté à un défilé en faveur des homosexuels qui a tourné au vinaigre.

«Ça s'est terminé dans le sang, dans le feu, c'était très violent», se souvient-il.

Il se rappelle que «des nazis et des gens d'extrême droite se sont mis à courir» vers les participants et à lancer des bombes artisanales en leur direction.

Les résultats de cette offensive ont été navrants, selon Éric Pineault, qui rapporte que six policiers ont été blessés et qu'une vingtaine de militants ont été passés à tabac.

M. Pineault juge que c'est primordial de recevoir des étrangers comme Anna Sharyhina «pour les encourager, pour les motiver et pour leur démontrer qu'un jour tout peut probablement s'arranger» chez eux.

«Il faut qu'ils puissent voir ce qui peut sortir de positif [...] quand une société accueille vraiment la diversité», avance-t-il.

Éric Pineault spécifie que son organisation a commencé à accueillir des invités spéciaux provenant d'ailleurs dans le monde il y a cinq ans.

Par le passé, ils sont arrivés du Cameroun, de la Lettonie, de la Serbie et de la Pologne.

M. Pineault soutient que leurs réactions ont parfois été extrêmes lorsqu'ils se sont retrouvés en sol québécois.

Il pense entre autres à l'exemple du Serbe Boban Stojanovic qui avait joué le rôle de coprésident d'honneur de Fierté Montréal en 2014.

«Il a passé une grande partie de la semaine dans sa chambre d'hôtel. Pour lui, le fait de voir les gars se tenir par la main publiquement, ça a été un choc. Ça lui a pris sept jours avant de s'acclimater», relate Éric Pineault.

Par la suite, M. Stojanovic a, cependant, déposé une demande afin d'obtenir le statut de réfugié au Canada.

Ce soudain revirement de situation n'a guère étonné M. Pineault.

«Quand tu tiens cette cause-là à bout de bras dans un pays hostile, après quelques années, il y a un épuisement. Lui, il en a eu assez», conclut-il.