La Ville de Montréal n'aura pas à dédommager trois «indignés» qui se plaignaient d'avoir été victimes de brutalité policière lors du démantèlement du camp d'Occupons Montréal, en novembre 2011. Un juge de la Cour du Québec a rejeté leur poursuite de près de 60 000$ après avoir visionné des images de l'intervention filmées par le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), dénonçant une «mise en scène» des militants.

Le 25 novembre 2011, des policiers ont procédé au démantèlement du camp Occupons Montréal, qui avait été établis depuis le 15 octobre au square Victoria en soutien au mouvement Occupy Wall Street et à celui des indignés, en Europe, pour protester contre les inégalités sociales.

La majorité des 60 à 70 personnes présentes au camp de fortune avaient accepté de quitter les lieux, mais certaines ont plutôt décidé de résister en s'enchaînant à l'intérieur de la tente qui servait de cuisine.

Au terme de l'intervention policière, 16 personnes ont été arrêtées pour refus d'obtempérer aux ordres des policiers. Après avoir été identifiées et photographiées, elles ont été relâchées, sans qu'un constat d'infraction leur soit remis.

Trois des individus arrêtés, Benoît Godin, Nina Haigh et Adam O'Callaghan, ont intenté une poursuite de 57 500$ en dommages à la Ville de Montréal, estimant avoir été «illégalement arrêtés et détenus». Ils se disaient victimes de brutalité policière.

Le juge Sylvain Coutlée a rejeté sur toute la ligne les prétentions des trois indignés, estimant que les agents du SPVM étaient intervenus dans les règles de l'art. «Le tribunal est d'avis que tout s'est déroulé conformément aux normes enseignées au policier en pareille circonstance», peut-on lire dans le jugement daté du 9 juin dernier.

Loin d'intervenir par surprise, les policiers avaient prévenu qu'ils démantèleraient le camp deux jours avant de passer à l'acte, souligne le juge. De nombreux avertissements ont été communiqués au cours de l'événement, donnant amplement de temps aux trois plaignants de quitter les lieux de leur propre chef.

Quant à la brutalité dont les indignés disaient avoir été victime, «rien dans la preuve ne démontre qu'un usage excessif de la force a été exercé», écrit le juge. Au contraire, «le visionnement de la vidéo [du SPVM] permet de constater que tout cela n'est qu'une mise en scène».