La privatisation de la Société de transport de Montréal (STM) est hors de question, dit Philippe Schnobb, président du conseil d'administration du transporteur. Celui-ci assure que l'embauche de Luc Tremblay comme directeur général a pour principal objectif d'améliorer le service à la clientèle.

Après six mois de démarches, la STM a décidé hier de confirmer dans son poste Luc Tremblay, qui avait succédé par intérim à Carl Desrosiers depuis son licenciement en décembre.

Ainsi, contrairement à ce que La Presse écrivait au début de la semaine, ce n'est pas Denis Andlauer, ancien patron de Keolis Canada, qui héritera du poste. Philippe Schnobb a d'ailleurs tenu à dissiper tous les doutes que le nom de ce partisan de la privatisation des réseaux de transport en commun aurait pu soulever: il n'est pas question de faire passer la STM en tout ou en partie au privé.

«Le mot "privatisation" n'a pas été prononcé de tout le processus de sélection et, s'il l'a été, c'était pour dire «"pas question"», a martelé Philippe Schnobb, président du conseil d'administration de la STM.

Philippe Schnobb dit avoir contacté les syndicats de ses employés pour leur assurer que la privatisation n'était pas au menu. «Il n'a jamais été question de quelque forme de privatisation que ce soit. Ce n'est pas du tout un enjeu», a-t-il confié à La Presse.

Le président de la STM juge d'ailleurs qu'il serait difficile de tabler sur un recours accru au privé. «C'est important de savoir que la STM est un environnement bien particulier. En ce qui concerne les spécialistes de l'entretien du métro, même si on voulait faire ça à l'extérieur, on ne trouverait pas beaucoup d'expertise. L'expertise est à l'intérieur.»

L'embauche de Luc Tremblay a rassuré l'opposition à l'hôtel de ville, qui craignait une privatisation du transporteur montréalais. «J'ai pleinement confiance en Luc Tremblay pour gérer et administrer la STM. Cependant, je ne comprends pas où la STM s'en va», a réagi le conseiller municipal Craig Sauvé, de Projet Montréal. L'élu souligne que la STM avait invoqué le besoin de renouveau pour licencier son ancien directeur général, «pourtant, on retient quelqu'un qui est là depuis 21 ans».

Même si la STM a retenu les services d'une firme de chasseurs de têtes, Odgers Berndtson, pour recruter des candidats à l'international, c'est au sein du personnel du transporteur montréalais que le candidat a été choisi. Luc Tremblay travaille à la STM depuis mai 1994. Avant de devenir directeur général, il occupait le poste de trésorier et directeur des finances.

Luc Tremblay recevra un salaire de 327 000$ par année, soit le même que son prédécesseur. Son mandat de cinq ans est renouvelable.

Le processus de sélection a porté sur 150 candidats. Six ont été recommandés au comité de sélection, qui en a rencontré quatre en entrevue. Luc Tremblay «s'est démarqué par sa connaissance de l'entreprise, et ses qualités de leadership durant ses six mois d'intérim», a indiqué Philippe Schnobb.

Priorités du nouveau directeur général

Service à la clientèle

Après s'être efforcée d'augmenter sa fréquentation, la STM doit maintenant prendre soin d'améliorer l'expérience de ceux qui sont à bord pour éviter qu'ils ne descendent, dit Luc Tremblay. «Ces dernières années, on a mis l'accent avec raison sur le développement, mais il faut aussi bien servir le client qui prend déjà le transport en commun», dit-il. Le nouveau directeur général souhaite notamment réduire le nombre d'interruptions de service du métro, soulignant que la moitié des interruptions sont causées par les usagers eux-mêmes. «Les interruptions ne sont pas toujours de la responsabilité directe de la STM, mais on a la responsabilité de le corriger.»

Nouvelle gouvernance

Alors que le gouvernement doit présenter cet automne un projet de loi pour revoir la gouvernance du transport en commun dans la région, Luc Tremblay dit vouloir assurer une bonne transition. «On travaille main dans la main avec le ministère des Transports et la Ville de Montréal. On n'est pas exclus des discussions. Sur le fond des changements annoncés, on est d'accord. Maintenant, il faut voir le rôle et les responsabilités de chacun», dit-il.

Assainir les finances

L'assainissement des finances de la STM sera un incontournable, prévient Luc Tremblay. «On a encore des enjeux financiers», reconnaît celui qui s'occupait des finances de l'organisation jusqu'à sa nomination comme directeur général. Il entend ainsi trouver comment augmenter les revenus tout en réduisant les dépenses.

Mobilisation des employés

En plein exercice pour améliorer le service à la clientèle, le nouveau directeur général de la STM dit vouloir miser davantage sur ses employés pour y arriver. «La STM, c'est une grosse boîte, avec 10 000 employés. Ce que je veux faire, c'est me rapprocher des gens en contact direct avec la clientèle. Ils ont souvent la réponse quant à ce qu'il faut améliorer.»