Le maire de Montréal, Denis Coderre, ne semble pas très chaud à l'idée de voir un camp à durée indéterminée être installé au centre-ville de Montréal. Ce Camp pour le droit au logement doit être installé jeudi prochain, dans un lieu encore gardé secret.

C'est le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui annonce depuis des mois qu'il installera ce camp au centre-ville de Montréal, dans le but de faire pression sur les gouvernements fédéral et provincial pour qu'ils réinvestissent dans le logement social. Ni le budget Oliver ni le budget Leitao n'ont répondu à ses revendications à ce chapitre.

Au cours des derniers mois, le FRAPRU a fait connaître l'appui d'une quarantaine de personnalités à la cause, parmi lesquelles la comédienne Andrée Lachapelle, le metteur en scène Robert Lepage, l'humoriste Lise Dion, le comédien Michel Côté, le docteur Réjean Thomas, le cinéaste Hugo Latulippe, les comédiennes Sylvie Legault et Véronique Le Flaguais et bien d'autres. Certains ont même rencontré la presse pour expliquer leur appui à la cause.

Le FRAPRU a sollicité de tels appuis dans le but d'assurer l'acceptabilité sociale du camp.

Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, avait invité le maire Coderre à tolérer le camp.

Interrogé à ce sujet jeudi, alors qu'il donnait une conférence de presse sur un autre sujet, le maire Coderre n'a pas semblé emballé. Sur un ton plutôt ferme, il a lancé qu'il avait bien l'intention de parler aux partisans de cette idée. Il a aussi rappelé qu'il y avait des règlements à respecter et que chacun ne pouvait agir à sa guise.

«On va se parler. Il y a des règlements qu'on doit appliquer dans les espaces publics», a d'abord répliqué le maire.

Un camp similaire avait été installé il y a quelques années, Occupons Montréal, au Square Victoria. Le maire de Montréal d'alors, Gérald Tremblay, l'avait toléré quelque temps. Mais, finalement, les autorités avaient dû démanteler le camp, officiellement pour des raisons de sécurité publique.

Le maire Coderre a rappelé l'expérience de cet autre camp. «Vous savez que la dernière fois qu'il y a eu un camp, il y a eu de la dangerosité. Il y a eu des problèmes avec des gens ayant des troubles de santé mentale, des dangers pour le feu, et tout ça. Ça fait qu'on va se parler. On n'est pas rendu là encore», a ajouté le maire Coderre.

Quand on lui a rappelé que c'est jeudi prochain que le camp serait installé, il a lancé: «fiez-vous à moi, on va être capable de se parler».

Le FRAPRU garde le cap

Joint au téléphone, M. Saillant, du FRAPRU, a vu une «bonne nouvelle» dans le fait que le maire Coderre n'ait pas affirmé d'emblée qu'il interdirait le camp.

En entrevue, il a admis qu'il n'était «pas très surpris» de cette réponse tiède du maire.

«On n'a pas demandé la permission de la Ville pour établir ce camp-là. Pour nous autres, il nous semblait que l'heure était venue de poser des gestes plus dérangeants à l'égard des gouvernements fédéral et provincial. Donc, on n'a pas demandé la permission pour le faire; ce n'est pas un camping qu'on veut organiser; c'est un camp qui interpelle et c'est une forme de manifestation», a justifié M. Saillant.

Pour rassurer le maire quant aux conditions de sécurité qui y prévaudront, M. Saillant a répété que les participants devront s'engager à respecter un code de vie, qui prévoit spécifiquement qu'il n'y aura ni alcool ni drogue. Les gens devront aussi laisser les médias faire leur travail. Et le camp recevra des personnes handicapées, des personnes âgées et des familles avec leurs enfants, a-t-il souligné, rappelant que les besoins en logement concernent toutes les catégories de ménages.