Voiture ou piéton? Pour son grand projet de réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal a retenu un scénario modulable. Il prévoit l'aménagement de «bandes multifonctionnelles» de part et d'autre de la rue, qui pourront servir de places de stationnement ou pour élargir le trottoir. La Ville souhaite aussi aller de l'avant pour aménager des trottoirs chauffants.

«Moi, ce que je trouve remarquable, c'est toute la flexibilité qu'on va avoir. On peut se faire un marché de Noël, on peut penser à des terrasses l'été comme à des terrasses l'hiver», a déclaré le maire Denis Coderre lors du dévoilement du projet en grande pompe à l'Astral, au centre-ville. «Je veux que cette rue soit vivante, qu'on puisse bouger avec, qu'on puisse faire preuve d'audace et qu'il y ait des moments où on va pourvoir dire: pas de voitures», a-t-il ajouté.

Dans son ensemble, la rue Sainte-Catherine sera retapée sur un tronçon de 2,2 km entre les rues De Bleury et Atwater. Les travaux seront réalisés au rythme où les infrastructures souterraines vieillissantes seront remplacées.

Hier, la Ville a seulement annoncé la première phase du projet, qui prévoit des travaux entre De Bleury et Mansfield (du printemps 2017 à 2019) et la réfection de la place Phillips (entre 2019 et 2021). Le coût de la première phase de ce projet est de 95 millions.

Entre l'avenue McGill College et la rue Aylmer, où se trouvera la future promenade Fleuve-Montagne, la rue passera cependant de quatre à deux voies de façon permanente pour permettre l'élargissement des trottoirs. Pour y parvenir, 60 places de stationnement seront sacrifiées.

Montréal a décidé d'aller de l'avant avec l'idée d'avoir des trottoirs chauffants dans la rue Sainte-Catherine.

La Ville a donné hier peu de détails sur la technologie qui serait utilisée pour un tel projet. Le maire promet toutefois que cette aventure ne va pas engendrer de dépassements de coûts. L'opposition est sceptique par rapport au projet. Le chef de l'opposition officielle craint la création de flaques d'eau aux intersections. Maintenant que le scénario d'aménagement a été choisi, la Ville fera des études pour déterminer la forme que le projet prendra.

Aide aux commerçants

La revitalisation du boulevard Saint-Laurent et de l'avenue du Parc a été un désastre pour les commerces. Pour éviter l'exode des consommateurs durant les travaux, Montréal lancera un concours de design pour rendre les chantiers moins rebutants. On songe aussi à creuser la rue un côté à la fois. Les commerçants pourront aussi solliciter une subvention pour les aider à rénover leurs locaux. La Ville accordera par ailleurs un budget de 2,3 millions aux commerçants pour la promotion, l'animation et le renouvellement de l'image de marque de la rue à l'échéance des travaux.

Ferrandez «déçu»

Le chef de l'opposition officielle Luc Ferrandez n'est pas convaincu par le projet de l'administration Coderre. Le scénario proposé par Projet Montréal prévoyait des trottoirs plus larges pour permettre davantage d'espace pour les terrasses. «Ce n'est pas le projet de relance dont on a besoin pour le centre-ville», a-t-il déclaré après la présentation de la Ville.

«Il va y avoir tout un attirail au centre de l'espace piétonnier lorsque les bandes modulables seront utilisées comme trottoirs. Donc, vous allez avoir trois mètres de trottoir, puis une bande d'arbres, de poubelles, d'affichages et de parcomètres, puis un autre mètre de trottoir. Ce n'est absolument pas convivial.»

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

Illustration exposant le scénario permettant le stationnement de véhicules.