Une demande de recours collectif pourrait coûter des centaines de millions de dollars à la Société de transport de Montréal (STM). Un groupe militant pour une meilleure accessibilité des transports collectifs aux personnes à mobilité réduite réclame 100 millions en dédommagements et des travaux dont la facture pourrait dépasser le milliard de dollars.

Le Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ) a déposé hier matin une demande en autorisation de recours collectif pour discrimination. La démarche judiciaire vise tant la STM, l'Agence métropolitaine de transport (AMT), la Ville de Montréal que le ministère des Transports du Québec (MTQ).

Le groupe déplore notamment le manque d'accessibilité des stations de métro et la lenteur du transporteur montréalais à les adapter pour les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant. Des 68 stations de la STM, seules 8 sont actuellement accessibles aux fauteuils roulants. «On demande, dans un délai raisonnable, que la mise en accessibilité des 60 autres stations soit faite. À la vitesse où ils vont, ça va prendre 70 ans», déplore Linda Gauthier, porte-parole du RAPLIQ.

Devant les délais qui s'accumulent, le RAPLIQ réclame un dédommagement de 5000$ par personne lésée par le manque d'accessibilité des transports collectifs. Leur avocat évalue que 20 000 personnes seraient admissibles à se joindre au recours collectif, ce qui pourrait faire grimper la facture à 100 millions si le groupe remportait sa cause.

La note ne s'arrêterait pas là, puisque le groupe réclame que toutes les stations de métro fassent l'objet de travaux pour les rendre accessibles. Lors d'une rencontre publique, en mars dernier, un représentant de la STM avait évalué que le fait de rendre une station accessible aux fauteuils roulants peut coûter de 5 à 20 millions. Il pourrait ainsi en coûter de 300 millions à 1,2 milliard.

«On ne demande pas à ce que ce soit fait demain, mais en 20 ans, ce serait correct», dit Linda Gauthier. Elle souligne que Toronto s'est engagé en 2005 à rénover d'ici 2025 toutes ses stations de métro. Déjà 34 des 69 stations de la Ville Reine ont été adaptées à ce jour.

En plus des travaux aux stations de métro, le RAPLIQ demande aussi que les rampes d'accès des autobus de la STM soient fonctionnelles, celles-ci étant souvent brisées. «Les handicapés aussi ont une vie. On est attendu au travail, à l'université ou au médecin. On n'a pas le temps d'attendre trois ou quatre autobus», dit Linda Gauthier.

La STM a préféré ne pas commenter l'affaire, puisque le dossier a été porté devant les tribunaux. Le transporteur a toutefois annoncé hier par communiqué qu'il veut acheter 76 minibus afin d'améliorer son service de transport adapté. L'administration Coderre a autorisé hier un emprunt de 13,4 millions pour l'achat de ces véhicules, qui devrait s'étaler de 2016 à 2019.

De tels recours sont fréquents aux États-Unis. Visée par un recours collectif, la Ville de Los Angeles, en Californie, vient d'accepter d'investir 1,4 milliard d'ici 30 ans pour rénover l'ensemble de ses trottoirs, jugés dangereux en raison de leur mauvais état.

- Avec Bruno Bisson