La première des marches nocturnes contre les politiques d'austérité du gouvernement québécois a donné lieu à des affrontements entre les policiers et des manifestants, mardi.

Quelques milliers de personnes ont manifesté dans les rues du centre-ville de Montréal à l'invitation du Mouvement étudiant révolutionnaire, qui se décrit comme «une association réunissant des jeunes communistes révolutionnaires et anticapitalistes».

L'événement avait des airs du Printemps érable puisque le point de rassemblement était, comme en 2012, le parc Émilie-Gamelin.

Sur le coup de 21 h, les manifestants ont entonné le slogan «À nous la rue», au son d'un hélicoptère. Déjà, la marche avait été déclarée illégale. Ils ont alors bloqué la rue Sainte-Catherine. Ils ont ensuite déambulé pendant près de deux heures dans les rues du centre-ville, empruntant notamment la rue Sainte-Catherine, le boulevard René-Lévesque et la rue Sherbrooke.

Certains protestataires ont pris des matériaux urbains comme des cônes pour bloquer le boulevard René-Lévesque aux automobilistes. Plusieurs autres portaient un masque malgré le règlement P-6 les interdisant pendant une manifestation. Le SPVM a même lancé un avertissement à ce sujet peu après le début de la marche. Des pétards et des pièces pyrotechniques ont été lancés dans les airs.

Les tensions ont été vives à certains moments même si la grande majorité des manifestants se sont comportés de façon pacifiste.

Il n'aura fallu que 25 minutes avant qu'on assiste à une première confrontation entre des manifestants et des policiers. Ces derniers ont tenté d'intercepter un petit groupe, provoquant du même coup la colère des autres qui ont riposté en lançant des projectiles contre les forces de l'ordre. Une odeur de gaz a rempli l'air tandis que les manifestants se sont divisés en trois groupes. Ils sont néanmoins parvenus à se rassembler quelques instants plus tard.

Les policiers ont tenté de canaliser le trajet des manifestants, établissant notamment un véritable barrage humain pour leur empêcher l'accès à la rue Sainte-Catherine à l'ouest de la rue Union. Des cordons de policiers ont aussi protégé certains immeubles gouvernementaux ou paragouvernementaux comme celui de Loto-Québec, sur la rue Sherbrooke.

Un certain nombre de véhicules de police ont été vandalisés, a indiqué le SPVM sur son compte Twitter. Une vitrine d'une succursale de la banque CIBC a été fracassée par des casseurs à la grande désapprobation de la majorité des manifestants qui ont alors crié: «Oh Non! Non!».

D'autres confrontations se sont déroulées alors que des policiers ont utilisé du poivre de Cayenne contre un groupuscule. Des manifestants ont tenté de venir à la rescousse des leurs en lançant divers projectiles. Une forte déflagration a été entendue près de policiers.

Le SPVM a finalement lancé un ordre de dispersion vers 10 h 45 après un face-à-face d'une vingtaine de minutes. Cependant, cela n'a pas empêché la grande masse de manifestants de poursuivre leur marche. Les policiers ont tenté à au moins trois reprises de les diviser en petits groupes, mais les protestataires sont parvenus à se réunir de nouveau. Les forces de l'ordre ont finalement réussi leur manoeuvre en employant du gaz lacrymogène à l'angle de l'avenue du Docteur-Penfield et de la rue de la Montagne.

En début de nuit, le SPVM a fait savoir que quatre personnes avaient été arrêtées pour voie de fait ou agression armée. Six ou sept voitures ont aussi été abîmées, selon le corps policier.

Un début sous tension

Une dizaine de minutes avant la manifestation, les policiers faisaient sentir leur présence autour du parc. Des policiers de l'antiémeute se sont approchés des manifestants sous les huées de plusieurs participants.

Sur le groupe Facebook de l'événement, plusieurs personnes ont demandé au cours des derniers jours aux organisateurs de partager l'itinéraire de la manifestation aux autorités policières.

«J'ai pas envie de me déplacer si la manif ne dure pas parce que l'itinéraire n'est pas donné. À mon avis, les points se valent encore plus quand la marche n'est pas interrompue pour quelque chose d'aussi ridicule», avançait une internaute.

Un autre appelait ses confrères à miser sur la non-violence. «J'ai hâte de vous croiser lors des manifs de soir ! Mais j'espère qu'on aura grandi depuis 2012. On ne peut pas se permettre de faire preuve de violence, ni envers la police, ni envers personne», a-t-il écrit.

La manifestation nocturne fait suite à un autre rassemblement qui s'est déroulé mardi en journée. À cette occasion, trois personnes ont été arrêtées pour des voies de fait, alors qu'une autre a reçu une contravention pour port de masque.

En début de soirée, les manifestants ont reçu l'appui de la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi.

«Chères étudiantes, vous n'êtes pas seules. Continuons devant le paternalisme, la violence masculine ou étatique, le sexisme et l'austérité», a-t-elle écrit sur son compte Twitter.