Québec renonce finalement à l'idée de couper de moitié les fonds dédiés à la lutte contre la pauvreté à Montréal. Les groupes communautaires restent néanmoins inquiets pour l'avenir alors que le flou persiste sur les négociations sur le statut de métropole.

Les ministres Pierre Moreau et Sam Hamad ont annoncé ce matin le renouvellement de l'entente de 9 millions de dollars que Québec verse à Montréal pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, soit le même montant que ces dernières années. La métropole avait appris en début d'année que cette enveloppe du Fonds québécois d'initiatives sociales devait être amputée de moitié, ce qui avait entraîné une levée de boucliers des groupes communautaires.

«Tous les programmes font l'objet d'une révision», a rappelé le ministre des Affaires municipales. Pierre Moreau dit avoir été alerté par le maire des conséquences néfastes de telles compressions.

Après révision de la révision de ce programme, Québec a finalement jugé bon de maintenir sa contribution. «C'est une bonne nouvelle parce que ça veut dire que le programme est évalué comme ayant énormément de mérite», a résumé Pierre Moreau. On évalue que ces fonds ont permis d'aider 350 000 personnes à travers 535 projets.

Le maire a remercié «l'écoute» du gouvernement. «Ça veut dire qu'on aide des organismes à éviter d'avoir à fermer boutique. Et c'est probablement bien peu dire», a indiqué Denis Coderre.

Couper de moitié ce financement aurait en effet eu de graves conséquences, dit Yves Bellavance, coordonnateur de la Coalition montréalaise des tables de quartier. Plusieurs programmes étaient à risque de disparaître.

Cet argent sert notamment à organiser les magasins partage lors de la rentrée scolaire pour les enfants défavorisés ou la tenue de cuisines collectives.

Les groupes communautaires restent toutefois inquiets puisque l'incertitude plane toujours sur ce financement, la révision des programmes étant toujours en cours. Les ministres et le maire ont d'ailleurs refusé ce matin à aborder l'avenir de l'entente.

«Ça nous inquiète parce qu'on est dans une conjoncture de compressions, de révision de programme», dit Yves Bellavance.

La lutte contre la pauvreté fera partie des négociations du statut de métropole, assure toutefois le Denis Coderre. «Oui, mais on ne sait pas ce que le maire est en train de négocier. Ça nous inquiète, pas parce qu'on n'a pas confiance en lui, mais qu'on aimerait en savoir plus», poursuit Yves Bellavance.

Flou sur le statut de la métropole

Le ministre Moreau et le maire Coderre ont d'ailleurs simplement indiqué que les négociations sur le statut de la métropole devraient aboutir en 2015. Ceux-ci ont martelé «qu'il n'est pas question d'augmenter les taxes», mais qu'il fallait «élargir les sources de revenus de la Ville».

Seul exemple concret avancé, le ministre Pierre Moreau avance que la métropole touchera sa part dans la révision des redevances perçues sur les ressources naturelles. «Montréal va en bénéficier.»

Malgré les nombreux pouvoirs réclamés par Montréal, le ministre Moreau assure qu'il n'est pas question de faire de la métropole un «Vatican» au sein du Québec. «L'idée, ce n'est pas de faire un État dans l'État.»