Le Centre de fraternité Anjou, qui a expulsé en janvier dernier l'imam controversé Hamza Chaoui, doit à son tour se reloger à la demande de l'arrondissement parce que ses activités en font un lieu de culte, a appris La Presse.

Le Centre de fraternité Anjou est un lieu de prière pour la communauté musulmane d'Anjou. Il loge actuellement dans le mini-centre commercial Place Roi-René, derrière des fenêtres entièrement obstruées.

Selon la réglementation municipale, les lieux de culte ne peuvent avoir pignon sur rue que dans le parc industriel. «On les accompagne pour les relocaliser, mais ce n'est pas facile. Ils font face à un refus systématique», explique le maire de l'arrondissement d'Anjou, Luis Miranda.

Il semble que le Centre de fraternité se bute à des propriétaires réfractaires à lui louer un local pour l'implantation d'une mosquée. 

Selon ce dernier, le Centre de fraternité Anjou regroupe des «gens respectueux», «nos voisins, avec qui nous vivons en harmonie». Le maire Miranda donne même le surnom de Abdou au dirigeant du Centre de fraternité Anjou, Dib Abderezak. «C'est pas tous des Chaoui!», lance M. Miranda.

MM. Miranda et Abderezak se sont rencontrés lorsque le nom de l'imam Chaoui s'est retrouvé sur la place publique. Hamza Chaoui aurait fait des prêches qu'auraient jugés contraires aux valeurs de l'islam M. Abderezak et les personnes qui fréquentent le Centre de fraternité Anjou. L'imam Chaoui a alors tenté en vain de louer un local dans l'arrondissement voisin d'Hochelaga-Maisonneuve pour y ouvrir une mosquée.

Coup de pouce

«J'ai rencontré Abdou il y a environ trois semaines, quand l'affaire Chaoui a éclaté. On se posait des questions depuis l'année dernière, mais c'est à ce moment-là que j'ai compris qu'il y avait peut-être un problème. [...] Ce n'est pas une patate chaude. On doit avoir une certaine ouverture, mais il faut les encadrer», affirme Luis Miranda.

C'est ainsi qu'il a été décidé que l'arrondissement allait «accompagner» l'organisme de M. Abderezak pour un déménagement dans le parc industriel. C'est à titre de centre communautaire que M. Abderezak avait loué un local à la Place Roi-René, mais dans les faits, c'est d'abord et avant tout un lieu de prière, a lui-même constaté M. Miranda, qui s'y était rendu lors de la campagne électorale de 2013.

Pour que les activités se fassent en toute discrétion, les grandes fenêtres sont couvertes de papier noir. Aucune bannière n'annonce qui occupe les lieux. On indique simplement que le local a été déménagé quelques portes plus loin. Là encore, il est impossible de voir ce qui se passe à l'intérieur.

Le maire Miranda ne s'offusque pas de cette façon de faire. «Ils ne sont pas les seuls à obstruer leurs fenêtres. Dans les Jean Coutu, on ne voit pas grand-chose non plus! J'imagine que tout le monde veut de l'intimité», croit-il.

Shawinigan

D'une municipalité à l'autre, l'implantation des mosquées soulève un débat qui n'est jamais bien loin de la crainte de l'intégrisme religieux et d'une certaine radicalisation. Pendant que l'arrondissement souhaite que l'organisme de M. Abderezak s'installe dans le parc industriel, la municipalité de Shawinigan a coupé court, il y a quelques jours, au changement de zonage que réclamait la communauté musulmane de la Ville pour implanter une mosquée dans le parc industriel. 

Le dossier a eu des échos à l'Assemblée nationale, où la Coalition avenir Québec (CAQ) a pressé le gouvernement d'intervenir pour restreindre la liberté d'expression afin de prévenir la tenue de propos n'étant en accord avec les «valeurs québécoises».

Le maire Miranda croit aussi que le gouvernement doit intervenir, mais n'a pas de proposition concrète. Puis, il nuance: «On peut gérer ça localement tant qu'il s'agit de citoyens qui veulent se réunir.»

Monsieur Abderezak n'a pas rappelé La Presse.