Manque de transparence, risques industriels mal documentés, bénéfices intangibles: l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) demande à la Ville de Montréal d'améliorer son projet de centre de compostage dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) avant d'aller de l'avant.

Afin de mettre fin à l'enfouissement des matières organiques en 2020, la Ville de Montréal a décidé en 2009 de se doter de deux centres de compostage, de deux centres de biométhanisation et d'un centre pilote de prétraitement des ordures ménagères.

L'un des deux centres de compostage devait à l'origine être construit au complexe environnemental Saint-Michel, mais à son arrivée, l'administration Coderre a décidé de modifier son emplacement. On a plutôt opté pour un secteur industriel en bordure de l'autoroute 40, près du boulevard Saint-Jean-Baptiste, dans RDP-PAT. Ce changement avait toutefois imposé la tenue d'une troisième consultation publique sur le projet de valorisation des déchets organiques.

L'OCPM a rendu public hier son rapport sur ce centre de compostage et constaté plusieurs faiblesses dans la proposition de la Ville. L'Office «est d'avis que le projet doit être bonifié substantiellement, en amont», peut-on lire dans le document de 81 pages.

Le rapport formule ainsi «quatre conditions essentielles» à la réalisation du projet. On demande notamment une meilleure évaluation et un meilleur contrôle des risques. Un comité de suivi avec les citoyens et les entreprises du secteur doit aussi être mis en place. On demande également l'adoption d'une stratégie pour assurer la création d'un pôle économique autour du futur centre.

La «poubelle de l'île» ?

Il faut dire que la réception du projet dans l'arrondissement a été fort défavorable, souligne l'OCPM, qui dénonce le manque de transparence dans le choix de l'emplacement. «La commission déplore que la prise de décision n'ait pas fait l'objet d'études publiques transparentes», peut-on lire.

La forte opposition au projet s'explique en grande partie par le fait que les centres de compostage et les usines de biométhanisation devaient être répartis équitablement dans l'île. Or, en bout de piste, trois des cinq installations prévues se trouveront dans le secteur est de la métropole. L'OCPM note que des résidants déplorent le fait que le secteur soit perçu comme la «poubelle de l'île».

L'OCPM «constate que le secteur de l'Est récolte plus que sa juste part des risques et des inconvénients résultant de ces installations sans en récolter de bénéfices tangibles». La Ville a beau dire qu'elle veut mettre en place un pôle économique autour du centre de compostage, l'OCPM estime que Montréal a bien peu fait en ce sens, à part des promesses.

«En dehors d'une volonté exprimée par les représentants de l'arrondissement et de la Ville, il n'existe pas, à ce jour, de stratégie explicite qui permettrait aux trois installations de traitement des matières organiques du secteur Est d'avoir un effet structurant sur le développement d'un pôle de compétitivité environnemental», note le rapport.

L'administration Coderre a dit accueillir favorablement le rapport de l'OCPM. «Un suivi favorable sera donc donné pour mettre en place les conditions optimales assurant l'implantation du centre de compostage dans son milieu», a indiqué l'élu responsable de l'environnement à Montréal, Réal Ménard.