Le groupe immobilier Ivanhoé Cambridge a décidé de suspendre temporairement les travaux de construction d'une tour au centre-ville de Montréal après avoir appris que ce site était peut-être situé sur un ancien village amérindien.

Quel est le projet?

Ivanhoé Cambridge, une filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a commencé en début d'année la construction d'une tour de 27 étages située entre les rues Mainsfield et Metcalfe à l'angle du boulevard De Maisonneuve. Le projet de l'édifice de bureaux, en partenariat avec la Financière Manuvie, est évalué à plus de 200 millions de dollars. Les travaux devraient se terminer en 2017. L'entreprise, qui détient déjà plusieurs autres tours au centre-ville, n'a pas encore décidé quand elle reprendra la construction. L'établissement sera relié par des corridors souterrains aux stations de métro McGill et Peel. L'entreprise a déjà en mains tous les permis et toutes les autorisations requises pour aller de l'avant.

Pourquoi suspendre les travaux maintenant?

La firme a décidé de faire une «pause volontaire» des travaux après l'intervention d'un amateur d'archéologie. Ce dernier estime que les travaux d'excavation pourraient détruire d'éventuelles preuves historiques d'un ancien village iroquois. Le promoteur immobilier dit prendre cette décision par mesure de précaution, étant donné que le lieu de la future tour est situé en dehors de la zone où serait situé le site archéologique.

La firme a embauché des spécialistes en archéologie pour la conseiller dans ses travaux. «Des préoccupations ont été soulevées par la communauté, mais pour nous, c'est clair que le projet va aller de l'avant», indique Sébastien Théberge, directeur principal, affaires publiques et communications chez Ivanhoé Cambridge.

Qu'est-on susceptible de découvrir?

Peu de gens le savent, mais le centre-ville de Montréal a été construit en partie sur le site archéologique Dawson, un ancien village iroquoien. Certaines personnes croient que cet endroit pourrait correspondre au village d'Hochelaga, un lieu visité par Jacques Cartier lors de son deuxième voyage au Québec. «Ce serait le seul endroit à Montréal où pourrait se trouver le site d'Hochelaga», estime Michael Bisson, professeur associé au département d'anthropologie de l'Université McGill. Des recherches, dans le passé, ont permis de découvrir dans le secteur des fragments d'ossements humains et quelques objets de l'époque.

Existe-t-il de réelles chances de trouver quelque chose?

Robert Galbraith est l'homme à l'origine de l'arrêt des travaux. Ce photographe pigiste, passionné d'archéologie, a signalé à l'entreprise la possibilité de retrouver des objets historiques sur le site. «Je ne sais pas s'ils vont trouver quelque chose, mais je me disais que c'était trop important pour ne pas fouiller», a-t-il précisé, en entrevue à La Presse. Le professeur associé au département d'anthropologie de l'Université McGill Michael Bisson croit qu'il subsiste toutefois peu de chance - 10% au mieux - de retrouver quoi que ce soit à cet endroit précis.

«Mais c'est notre dernière chance de retrouver quelque chose de cette époque. De la manière dont est construit le centre-ville, nous ne pourrons plus creuser ailleurs», dit-il.