«Si [Richard Bergeron] vote pour la réforme des budgets d'arrondissement, il va m'avoir sur son chemin et il le sait.»

C'est par cet avertissement que le nouveau chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez, a accueilli hier le départ de son collègue pour siéger au sein de l'administration Coderre.

Le maire a confirmé hier la nomination de Richard Bergeron au sein de son comité exécutif. Le fondateur de Projet Montréal siégera désormais comme indépendant. Il aura notamment pour tâche de faire la promotion d'un train léger sur rail pour desservir le pont Champlain et le centre-ville.

Luc Ferrandez affirme ne pas avoir été surpris par cette décision, le disant prêt à bien des compromis pour atteindre certains objectifs. «Richard Bergeron est capable d'avaler des couleuvres pas possibles pour arriver à ses fins, que sont le SLR et le recouvrement de Ville-Marie. Je suis persuadé qu'il va mettre beaucoup d'eau dans son vin.»

Réforme des arrondissements

Là où le nouveau chef de l'opposition trace la ligne, c'est lorsqu'il est question de la réforme des arrondissements. Luc Ferrandez espère voir Richard Bergeron continuer à rejeter cette proposition, sans quoi il lui promet une «saine animosité».

Luc Ferrandez a reconnu que des tensions étaient apparues ces derniers mois alors que Richard Bergeron vantait publiquement le travail de Denis Coderre. «Oui, ça m'a dérangé. Il poussait trop loin. Il n'avait pas besoin de faire ça.» Le maire du Plateau-Mont-Royal estime également que son ancien chef «avait baissé la garde sur un paquet d'enjeux. Ça, c'était agaçant».

Le nouveau chef de l'opposition n'a pas caché que le départ de leur fondateur a été perçu comme une trahison par certains membres de Projet Montréal. «Je vous avoue que certains membres du parti l'ont vu comme ça. Il y a eu des gens avec des réactions extrêmement vives, des gens abasourdis.» Après la surprise initiale et une «colère passagère», les membres sont désormais «sereins», a-t-il assuré.

Richard Bergeron a pour sa part minimisé la réaction de ses anciens collègues, estimant que son départ avait simplement été «désarçonnant».

Loin de tourner complètement le dos au parti qu'il a fondé voilà 10 ans, Richard Bergeron a tenu à lancer «longue vie à Projet Montréal» et a décrit Luc Ferrandez comme un «grand leader».

Le SLR, élément déclencheur

Si Richard Bergeron entre au comité exécutif, c'est qu'il souhaite travailler à l'implantation d'un train léger sur rail desservant le centre-ville de Montréal jusque sur la Rive-Sud par le pont Champlain. Le 4 octobre dernier, l'ex-chef de Projet Montréal a effectué une présentation au maire sur ce projet. Denis Coderre a accepté de reprendre l'idée et une discussion s'est amorcée sur son entrée au comité exécutif.

Richard Bergeron a dit percevoir son entrée au comité exécutif comme un «honneur». S'il se joint à Denis Coderre, c'est en raison de sa «capacité à obtenir du gouvernement du Québec ce qui est nécessaire pour Montréal».

Denis Coderre cachait difficilement sa satisfaction de voir son ancien rival s'allier à lui. «Richard est quelqu'un d'une très grande intégrité», a affirmé le maire. Il l'a décrit comme un «incontournable» pour le développement de Montréal.

C'est le deuxième candidat à la mairie de novembre 2013 à joindre l'administration Coderre. Au lendemain de l'élection, le candidat défait Marcel Côté avait accepté de conseiller le maire sur la réorganisation de la Ville.

La Coalition Montréal, dont plusieurs membres siègent au sein de l'administration Coderre, a pour sa part salué «l'ouverture du maire. Il n'hésite pas à laisser de côté la partisanerie pour faire de la place à ceux qui peuvent aider à la relance de Montréal», a déclaré Elsie Lefebvre.