Tous les taxis de l'aéroport Montréal-Trudeau seront en grève entre 11 h et 13 h mercredi : ils doivent alors prendre une longue « pause café » pour marquer leur désaccord avec la manière dont Aéroports de Montréal (ADM) régit leur accès à des permis.

Pour s'opposer aux « malversations » d'ADM et du Bureau du taxi, les 310 taxis en poste à l'aéroport doivent se stationner et « ne pas bouger » pendant deux heures. « Nous allons empêcher les autres taxis d'entrer et de prendre des clients. Les autorités d'ADM sont au courant », a attesté Stanley Bastien, propriétaire de taxi et figure bien connue du milieu. 

Les chauffeurs en ont contre ADM, qui a décidé en 2009 de mandater le Bureau du taxi afin qu'il gère le tirage annuel des permis de taxis pour l'aéroport. Le document est très demandé : cette année, 3600 chauffeurs, sur un total de 4449, ont postulé pour en avoir un. « L'aéroport, c'est payant, et le climat de travail est bien meilleur, moins stressant », a résumé Stanley Bastien.

Or le processus menant à l'obtention de ces permis si convoités est complexe, a-t-il dénoncé. « Quand on appelle pour payer nos redevances [le coût annuel du permis], on peut parfois attendre deux heures », a-t-il illustré. Certains chauffeurs, qui auraient été pigés, affirment avoir appelé le Bureau, mais n'avoir jamais été rappelés, tel qu'on leur avait promis. Six autres chauffeurs assurent n'avoir jamais avoir reçu de lettre leur indiquant qu'ils avaient été sélectionnés. Mardi, la Cour supérieure a d'ailleurs refusé une demande d'injonction déposée en leur nom, et qui exigeait qu'un juge contraigne ADM à leur faire passer une inspection. La Cour d'appel a aussi refusé d'entendre leur cause.

« Ces six chauffeurs, qui étaient en voyage quand les lettres ont été envoyées, veulent en pénaliser 300 », a déploré Christiane Beaulien, porte-parole d'ADM. Selon elle, la « longue pause café » est une réaction aux défaites subies en cour.

Lors du tirage des permis, « toutes les règles ont été suivies comme dans les années passées », a-t-elle assuré.  

Mais Stanley Bastien a d'autres doléances. Selon lui, certains chauffeurs perdent la chance d'obtenir un permis en raison de « l'excès de zèle » du Bureau du taxi. « Quand on est choisis, notre véhicule est inspecté. On nous indique les éléments à corriger, on le fait, puis on revient pour une deuxième inspection. Mais à la deuxième inspection, ils découvrent parfois de nouveaux problèmes! Et on perd notre permis », s'est désolé le chauffeur. « Ça n'a aucun sens. On ne sait même pas si ces problèmes existaient avant la première inspection ou s'ils sont apparus après. »

« S'ils ont un problème avec le Bureau du taxi, pourquoi prendre en otage les passagers de l'aéroport? », a cependant répondu Christiane Beaulieu, en précisant qu'ADM tentera de conclure une entente avec la Société de transport de Montréal afin que ses clients « ne soient pas pénalisés ».