Mis à mal par un chantier interminable voilà quelques années, le boulevard Saint-Laurent fait de nouveau l'objet de travaux qui accusent d'importants retards. La Ville de Montréal fait état d'erreurs commises dans les années 50 pour expliquer ces retards.

Montréal a décidé en 2013 de refaire un tronçon du boulevard Saint-Laurent, entre les rues Bernard et de Bellechasse, pour y aménager une piste cyclable afin d'améliorer la sécurité des cyclistes circulant sous le pont d'étagement. Les travaux ont été marqués par de longs arrêts inexpliqués, d'où des entraves majeures à la circulation et des dommages financiers aux commerçants du coin... et une situation périlleuse pour les cyclistes.

Après plusieurs demandes, la Ville a finalement communiqué à La Presse la raison de ce retard. L'entrepreneur, Groupe Hexagone, a découvert en cours de chantier cinq «massifs électriques» (couloirs de béton où sont enclavés des fils) qui n'apparaissaient pas sur les plans.

«La faute revient aux équipes ayant procédé à l'installation de ces infrastructures souterraines [massifs de béton] dans les années 50, a avancé le porte-parole Philippe Sabourin. À l'époque, les techniciens en géomatique ont dû négliger d'ajouter ces nouvelles installations aux plans tels que construits.»

Cette découverte inopinée a forcé le retour d'Hydro-Québec et de la Commission des services électriques qui avaient réalisé leur partie du chantier à l'été 2013. Leurs interventions ont été entrecoupées de longues périodes d'inactivité, au grand dam des commerçants et résidants du secteur.

«On est encore entourés par des barrières, a déploré Normand Pelletier, directeur des opérations à la Maison de l'aspirateur, située au coeur du chantier. Au moins, ils sont revenus travailler ce matin, ça faisait deux jours qu'il n'y avait pas un chat. Ils sont loin d'avoir fini!»

Problème d'appel d'offres

Des problèmes dans l'attribution du contrat ont aussi retardé les travaux qui auraient dû se faire en 2013. Un premier appel d'offres a eu lieu en mars 2013, mais celui-ci a dû être annulé: la seule offre reçue à l'époque, par Ramcor qui demandait 4,8 millions, dépassait de plus de 15% l'estimation de la Ville.

Un deuxième appel d'offres a été lancé en juin 2013, remporté cette fois par le Groupe Hexagone, avec une offre de 4,5 millions. L'Autorité des marchés financiers a toutefois tardé à accorder à cette ancienne entreprise de Tony Accurso une autorisation à obtenir des contrats publics, si bien que tout le processus a dû être annulé.

Un troisième appel d'offres a été mené en janvier 2014. Des deux seules firmes ayant déposé une soumission, Groupe Hexagone, a obtenu le mandat avec une offre de 4,8 millions.

Depuis le premier appel d'offres, Montréal avait révisé son évaluation du coût du chantier si bien que la soumission était à moins d'un pour cent de l'estimation, évitant à la Ville de reprendre à nouveau tout le processus d'attribution du contrat.

Des pénalités à venir?

Même si une bonne partie du chantier reste à faire, la Ville affirme que tout doit être terminé d'ici la fin de novembre. L'entrepreneur s'expose à des pénalités s'il ne finit pas à la date prévue, a affirmé le porte-parole. «On a arrêté le compteur pour les trois mois où il y a eu des pépins, mais là, le compteur est reparti.»

François Croteau, maire de Rosemont-La Petite-Patrie (le chantier chevauche son arrondissement et celui du Plateau-Mont-Royal), a dit «souhaiter» que tout soit terminé d'ici là. «C'est tout un défi: je vais applaudir et saluer leur travail extraordinaire si c'est fini à la fin novembre, mais je demeure sceptique.»